Tangerine Dream - Stratosfear

25 octobre 2008

Artiste: Tangerine Dream
Album: Stratosfear
Année de sortie: 1976
Durée: 35:23





1. Stratosfear (10:38)
2. The Big Sleep In Search Of Hades (4:34)
3. 3 A.M. At The Border Of The Marsh From Okefenokee (8:51)
4. Invisible Limits (11:36)


Line-Up:

Christopher Franke: Synthétiseur Moog, Organ, Percussions, Loop Mellotron, Harpsichord
Edgar Froese: Mellotron, Synthétiseur Moog, Guitares 6 & 12 Cordes, Grand Piano, Guitare Basse, Mouth Organ
Peter Baumann: Synthétiseur Moog, Project Electronic Rhythm Computer, Fender E-Piano, Mellotron


Chronique:

Stratosfear est un album transitoire dans la discographie de Tangerine Dream ... Il associe chaleur ... La cristallisation et le noir spatial que Zeit ou Phaedra retranscrivais à merveille ... C'est également le début d'albums beaucoup plus accessibles pour les néophytes dans le genre et une nouvelle ère dans le monde de la Musique Électronique.

Sur Stratosfear, nous avons atterris sur un monde encore plus lointain que Phaedra ... Comme si nous avions découvert une nouvelle planète semblable à la notre ... Mais toute emprunte de chaos et de désolation ... Une sorte de mélancolie fataliste que l'on imprègne à plein poumons ... C'est la fin ... Mais c'est beau ... Stratosfear sonne comme un épilogue contre-utopique majeure mais heureux et satisfaisant ... Comme si nous attendions avec une sérénité innébranlable, purement et simplement la fin du monde ...

C'est aussi l'un des albums les plus déstructurés de Tangerine Dream ... Mais étonnamment l'un des plus mélodiques, et cette mélodie comble cette déstructuration qui reste "transparente" aux yeux de l'ambiance de ce disque ... comme nous montre les très nombreux passages flutés de Peter Baumann ... Comme s'il voulaient capter les ambiances spatiales de Phaedra en ajoutant une touche plus chaleureuse et plus prévisible à leur musique ... Ces longues plaintes à l'Harmonica sur (attention, titre à la con en vue) "3 A.M. at the border of marsh from okefenokee" (Je ne vous cache pas que j'ai du zieuter mon livret pour pondre cette étrangeté littéraire XD) accentué par ces nappes de claviers apocalyptiques qui représente pour moi le plus gros de l'album en terme de sensations.

Stratosfear fait également parti du cercle très fermé des albums que nous ne pouvont comprendre ou percevoir ... Une ambiance. Un lieu. On ne sait pas ... C'est comme quand vous lisez un bouquin et que vous êtes dans l'incapacité de schématiser, de visualiser les lieux décrits devant la complexité voulue ou non de l'oeuvre malgré un acharnement intensif de votre esprit ... Cette même sensation domine à l'écoute de ce disque ...

Et un des changements de cet album est que ces morceaux, qu'on le veuille ou non, forment une sorte de "schéma", ce qui fait que l'auditeur pourra plus s'y retrouver que sur des albums beaucoup plus cahotiques et incohérents comme "Zeit". (Qui est excellent au passage, dans un registre radicalement opposé, certes, mais excellent ...)

"The Big Sleep In Search Of Hades" représente magnifiquement les contrastes qui opèrent tout au long de ce disque ... Introduction qui étonne par sa magnificence étonnamment modeste sonnant comme le début d'une sorte de voyage sphérique tout en ayant conscience de l'issue finale ... Ces périodes de turbulence accentuées de cristallisations sonores optimistes qui paraissent bien trop fausses telles absorbées par un chaos trop puissant pour qu'elles puissent se manifester ... Ce chaos qui gagne en ampleur ... Et que de doutes viennent renforcer cet état d'esprit ... Assez étrangement que cela puisse paraître, les ambiances ne sont pas si différents de ces prédécesseurs, c'est que là, TD les a toutes intelligemment rassemblées pour donner cet ovni musical, frustrant mais mielleux ... Mielleux et coloré ... C'est un rouge sombre, un rouge d'une agressivité astronomique qui domine cette atmosphère lointaine, à l'image de cette pochette qui ne l'est pas moins et qui prédomine cette sensation de "voyage vers l'infini"... Et d'ailleurs ... Stratosfear ... Si on le découpe littéralement, cela donne Stratofear = Stratosphere = Strato + Fear. Donc, la peur de devoir décoller de cette couche terrestre qui est rattaché à tous nos souvenirs de notre petite vie banale d'humain pour se tenter à un voyage semer d'embûches interstellaires, et qui, malgré sa magie hypnotisante, reste totalement imprévisible ...

"3. A.M. At The Border Of Marsh From Okefenokee" ... Est un morceau glauque ... Ces funestes gouttes reluisantes d'un pur macabre sonne le glas pour ceux qui auraient tenter le voyage un peu trop loin, qui, la faute d'avoir emprunté un chemin d'accès trop facile ou une idée trop préconçue sans avoir pris la peine de procéder par plans précis ... Notre voyageur se retrouve coincé mais tente d'en échapper comme nous le démontre ses marches rythmiques sonnant comme la fin d'une ère ... Mais c'est le chaos, une nouvelle fois, qui, à l'instar de Eiki' dans le bar de Georges, quelles que soient les faits et gestes, reste maître de sa catégorie en accompagnant toute forme de vie vers une totale désintégration accentué par cet harmonica maudit, prémice d'une future marche funèbre ...

"Invisible Limits" se démarque remarquablement des autres par un certain esprit d'optimisme non négligeable ... Une sorte de marche universelle vers un but commun ... C'est la fin du voyage ... L'étape finale en quelque sorte ... La vérité n'est plus très loin ... Cette guitare ... Oui! C'est une guitare! Un solo de guitare! (même si, avouons-le, il n'est pas très varié ...) Qui nous ramène petit à petit à un univers familier que nous avions quittés il y a tout juste 25 minutes ... Nous pouvons souffler, Nous avons atteins notre but! Le rythme s'intensifie avec ce clavier mielleux qui nous submerge de joie et d'émotion sous un thème bien précis qui renforce cette impression d'un contact connu d'autrefois ... Cette marche optimiste se conclut par une partie pianotée nous ramenant avec un certain sentiment de soulageant intensif après avoir fait un rêve particulièrement peu banal ...

Un rêve ... Ce genre de rêves inexplicables mais emprunt d'une beauté surnaturelle au réveil ... Tel est cet état qui prédomine à l'écoute de ce disque ...

Note: 16/20

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