Matthieu Kassovitz et le 11 Septembre

8 novembre 2009

Aujourd'hui, voyez-vous, j'aimerai revenir sur quelque chose qui m'a marqué.

Comme vous le savez, j'aime beaucoup le personnage d'Eric Zemmour, et ce pour plusieurs raisons: sa répartie, sa sincérité, son maniement du "politiquement incorrect" et son absence totale de convention dans ses propos qui en fait un des rares personnages critiques du paysage audiovisuel français. Mais aujourd'hui, je ne vais pas parler d'Eric Zemmour, mais de Mathieu Kassovitz, duquel Zemmour l'avait mentionné à propos du 11 Septembre dans une des émissions de Laurent Ruquier et qui avait clairement attisé ma curiosité.

Mais je ne reviendrais pas sur le fait qu'il y ai conspiration ou pas, même si mes convictions personnelles et les nombreuses recherches que j'ai effectuée pencheraient plus aisément vers la première hypothèse. Non, là, je reviendrais uniquement sur la réception des médias, des journalistes et une partie de l'opinion publique par rapport aux déclarations de Mathieu Kassovitz, car voyez-vous, cela m'a fait peur. Très peur. La source de cette histoire? Il faut la chercher dans l'émission de Frédéric Taddéï de France 3 "Ce soir ou jamais" datant du 15 Septembre dernier, je vous poste les vidéos de cette émission:


* Partie 1
* Partie 2


Personnellement, j'ai trouvé cela extrêmement choquant. Et ce pour plusieurs raisons. Déjà, de voir à quel point ce sujet est aussi tabou! Mais pourquoi l'est-il? Car les médias, bien évidemment ardents défenseurs de la version officielle ont réussi à imposer leur théorie "officielle", qui de ce statut, bénéficie illégitimement de son authenticité, et qui a fait que les gens n'ont pas eu la curiosité d'aller chercher plus loin les incohérences nombreuses de ces attentats. C'était tout bonnement impensable. Il y a là - comme disait M. Kassovitz dans l'émission - une magnifique propagande à notre encontre, et la comparaison avec la propagande nazie n'est pas du tout à exclure tant les réactions qui en découlent sont hallucinantes et aveugles d'un système ayant vraisemblablement la main mise sur nous. Comment pouvons-nous nous laisser berner de cette façon et réagir de façon aussi docile? Comment des écrivains, journalistes, par définition rationnels et ouverts d'esprit peuvent-ils dénigrer de façon aussi virulente le fait que des incohérences existent? Comment cette diabolisation faite autour du 11 Septembre a-t-elle pu fonctionner de façon aussi efficace?

Et ce pauvre Kassovitz, seul contre tous, appuyant juste le fait que ces incohérences existent. A aucun moment, il n'a laissé apparaître le fait qu'il appuyait la théorie du complot (même si je le soupçonne quand même du contraire. Mais étant donné le délicat du sujet, cela ne m'étonnerai pas qu'il y aille par "couches") et la façon dont il s'est fait lynché publiquement a été tout bonnement scandaleuse! Il a lamentablement été traité de révisionniste, de négationniste, notamment par un des invités de l'émission dont j'ai oublié le nom ... Mais comment peut-on comparer deux choses n'ayant strictement rien à voir? Comment peut-on avoir l'audace et la petitesse d'esprit d'insulter quelqu'un sur quelque chose - qui plus est - de légitimement questionnable? Et de plus, traité Mathieu Kassovitz de négationniste, en plus d'être scandaleux, c'est également totalement idiot étant donné les origines juives indiscutables de ce dernier ...

Mais l'on assiste à travers cette scène a une régression évidente de la démocratie ... Je me doutais bien qu'elle était clairement en péril mais avec une telle lobotomisation faite autour et depuis le 11 septembre et de l'émotion qui s'est crée autour de ça, je ne savais qu'elle était à un tel point en danger. Car avec ses propos, Mathieu Kassovitz s'est vraisemblablement fait "bannir" du paysage audiovisuel français, comme si ses propos étaient d'une énormité frappante et qu'ils étaient clairement condamnables, c'est de la pure folie! Certains journaux assez réputés (L'Express, le Journal Du Dimanche, etc) ont même oser le représenter en photo-montage à côté de Hitler! Comment peut-on être aussi bête! Mais qu'ont les journalistes dans la tête à l'heure actuelle! Et en dehors de ça ... Pourquoi cet acharnement? Il n'insulte personne à ce que je sache. Il ne porte atteinte à personne. Au contraire - et il fait bien de le souligner - toutes les personnes émettant des doutes sur le 11 Septembre éprouvent autant de sympathie envers les victimes que ceux qui croient formellement à la thèse officielle, donc les hypothèses formulant que ce sont là des négationnistes qui auraient "popularisé" ce complot ou ces interrogations n'est que pure connerie et absurdité.

De plus, ce que dit Frédéric Taddéï en début d'émission est très intéressant (d'ailleurs, Taddéï est un des rares journalistes à avoir agi en véritable professionnel en ayant laissé parler M. Kassovitz sans l'interrompre ou s'indigner comme ce fût le cas pour certains. Il l'a même défendu ultérieurement, ce qui lui a valu lui aussi, de fortes critiques. Pour cette attitude, je lui en suis très reconnaissant) Taddéï a donc dit: "la loi n'interdit d'aucune manière de remettre en cause ces éléments". C'est intéressant parce que cela sous-entend que cela ne serait pas spécialement choquant que cela le soit ... Jugez tout de même l'énormité de ce sous-entendu ... Et qui rejoins ce que je disais un peu plus haut sur l'emprise qu'à les médias sur nos pensées. Nous pensons que c'est un sujet auquel il ne faudra même pas aborder ... Mais s'est-on déjà posé la question de "pourquoi ne faudrait-il pas l'aborder?", et c'est pour moi un problème majeur.

Je dois reconnaître qu'avant qu'un ami à moi me parle de ce sujet passionnant, j'aurai eu du mal à trouver des "défauts" concernant la version officielle. Toutes les preuves qu'il m'a apporté m'ont bouleversé et je me suis toujours demandé comment ais-je pu être aussi aveugle face à cela ... Et encore une fois, le même problème ressurgit. On nous fait croire quelque chose, en y mettant les bon accents et de manière excessive voire indigeste et cela s'incruste dans notre esprit, dans notre cerveau, comme si cela était une chose aussi naturelle que de marcher. Un réflexe pour ainsi dire. Et ceci me fait peur. Car cela prouve de manière explicite que nous sommes spoliés de ce qui nous reste de notre liberté et de notre liberté de pensée. Cela me fait peur car je me rends compte que malgré nos aspects d'illumination d'esprit hérités des lumières, nous restons et resteront indéfiniment dans une forme d'indifférence et d'inculture et que nous seront des éternels perdants. Visions certes fataliste mais voyez-vous, par dessus ça, quelque chose qui suggérait de l'être moins?

En dehors de ça, j'aimerai ouvrir une parenthèse concernant l'interrogation de la tour n°7 du World Trade Center que j'avoue, avoir du mal à comprendre. Larry Silverstein, propriétaire du complexe du WTC pendant les attentats a clairement souligné qu'ils avaient décidés de faire volontairement exploser cette tour sous prétexte que les flammes et les débris d'avions hérités des tours jumelles pouvaient fragiliser l'édifice et qu'ils auraient préféré la "descendre" ("pull-it" en anglais). Je trouve assez étonnant que M. Kassovitz n'en ai pas été informé et surtout, que personne n'a eu l'air d'être au courant de ça ...





(Fin de la parenthèse)


Mais concernant Kassovitz, je suis heureux de constater qu'il y en a au moins un qui s'indigne publiquement, de défendre nos droits de façon si explicite, et que l'on peut admirer son courage face aux flots d'indignation et de menaces qui se chargent contre lui. Cela me fait plaisir et il a, du fond du coeur, tout mon soutien.

Magma - Köhntarkösz

6 novembre 2009

Artiste: Magma
Album: Köhntarkösz
Année de Sortie: 1974
Durée: 41:16





Tracklist:

1. Köhntarkösz, Part One (15:22)
2. Köhntarkösz, Part Two (15:44)
3. Ork Alarm (5:32)
4. Coltrane Sündïa (4:17)


Line-Up:

Stella Vander: Chant
Klaus Basquiz: Chant et Percussions
Christian Vander: Batterie, Chant, Piano, Percussions
Jannick Top: Guitare Basse, Violoncelle, Chant, Piano
Gérard Bikialo: Pianos & Orgues Yamaha
Michel Graillier: Pianos & Clavinet
Brian Godding: Guitare


Chronique:

"Comment un type qui n'a jamais écouté 'Mekanïk Destruktïw Kommandöh' peut-il avoir la prétention de chroniquer un album de Magma!?". Cette question, je me la pose bien évidemment à moi-même. Il est vrai que malgré toute l'admiration que je porte à ce groupe, je dois reconnaître que leur œuvre la plus aboutie m'est totalement inconnue musicalement parlant. Et cela est d'autant plus délicat que l'album que je vais chroniquer ici, 'Köhntarkosz', est sorti tout juste un an après, donc qui m'amène à avancer l'hypothèse d'une possible similarité musicale. Ceci dis, la description qu'en fait le wikipedia anglais à propos de cet album pourrait suggérer le contraire ("The Kohntarkosz album marked a change in sound from Magma's previous album. The absence of chant brings it closer to more conventional jazz fusion, however the heavy bass and dark, ritual atmosphere identify it as clearly a Zeuhl album.")

Enfin soit, malgré ma connaissance restreinte (je viens de me rendre compte avec effroi que je ne connaissais que deux albums de Magma!) Allons-y!

Pas vraiment abordable ce 'Köhntarkösz'. Très austère, macabre, les sons et rythmiques tourbillonnent derrière des strilles de synthétiseurs aux sons volontairement longs et angoissants. Le morceau éponyme est découpé en deux parties de 15 minutes tandis que 2 intermèdes viennent compléter la durée totale du disque, dont un hommage poignant envers John Coltrane duquel Christian Vander était un grand admirateur et Ork Alarm, unique contribution de Jannick Top et son groove vrombissant et inébranlable.

En dehors du chaos généralisé qui siège ici, il y a quelque chose de fabuleux qui se dégage de cette atmosphère. Une lande abstraite aux contours symphoniques, un havre de paix pour anges déchus. Une érudition funèbre, volcanique où les chants malsains et insignifiants viennent se greffer sur cette ode au bizarre comme porte-paroles fanatiques et annonceur d'une nouvelle existence. 'Köhntarkösz' est un régime despotique souterrain et aveugle où plusieurs de ses taupes s'écrasent sous cette monarchie de fer. La première partie correspondrait le mieux à cette description. Le rythme est lourd, très lourd et volontairement menaçant. La basse de Top s'allie aux percussions violentes de Vander qui s'opposent aux accords cuivrés et aventureux de leurs homologues claviéristes, comme deux duos se faisant duels.

La deuxième partie reprend la forme de sérénité qui s'était développée sur la fin du premier mouvement, et qui sera développée de façon très habile. L'atmosphère est suave et apaisante. Malgré la tyrannie sonore auquel nous avons été affrontés pendant les 15 premières minutes, un peu de repos s'impose naturellement. Nous ne sommes pas chez Univers Zéro. Les premières minutes du deuxième mouvement voient s'instaurer une forme plus traditionnelle de rock-progressif mais non sans audace. Sauf que cette forme de sérénité s'estompe trop rapidement (mais à la transition intelligente) pour revenir à une rythmique improvisée et méphistophélique qui sera croissante jusqu'à la fin du mouvement où apparaît une partie de guitare agressive assez peu conventionnelle, toujours soutenue par cette chorale perverse que l'on avait pu apercevoir sur le premier mouvement laissant entrevoir un maelström d'éruditions diaboliques. Après un final d'anthologie où chaque entité de ce royaume spectrale spéculent à l'agonie, l'outro fait place à des sortes de chants chamaniques empruntés à toute sorte de peuples bordant notre planète. Bluffant.

'Ork Alarm', le titre qui suit, n'est pas vraiment rassurant non plus. Il est même encore plus noir que le morceau titre. Des attaques métronomiques aux cordes laissent apparaître un chant encore plus malsain s'accentuant de façon démentielle, mais qui aurait pu être retravaillé dans son approche. 'Coltrane Sündïa', comme je le mentionnais en début de chronique, est une élégie à l'encontre de John Coltrane (mort 6 ans après la conception de cet album, certes ... Mais Christian Vander est libre de faire ce qu'il veut, non?). Mais malgré une certaine forme de mélancolie palpable, il y a toujours ce côté malsain et incertain qui en découle. La ligne synthétique à l'arrière-plan sonore ne doit pas y être totalement innocent.

Conclusion: Un album dur, riche en atmosphère sinistres, mais emprunt d'une sensibilité à travers elles extrêmement déroutante. Un album dur à s'octroyer tant son baptême est long et délicat. Une œuvre d'une grande réussite.

Note: 18/20

Expositions au Centre Pompidou

5 novembre 2009

L'art contemporain a ses défauts, ses limites, ses prétextes, et malgré le fait que j'en soit un fervent défenseur, c'est une vérité que l'on peut difficilement nier. L'art contemporain, c'est aussi cette impression de vouloir se protéger de l'art traditionnel en se munissant d'un concept en béton, architecture artistique qui aura la plupart du temps plus d'impact sur le spectateur que de l'esthétique pur qui en découle. L'aboutissement artistique naturel serait que les deux soit concernés, et pas seulement un seul, qui pour moi est avant tout une volonté de facilité, déguisée sous un concept recherché. La théorie selon laquelle une œuvre contemporaine devient belle qu'au moment où l'on comprend son concept m'irrite, mais malgré tout me fascine, car inconsciemment j'y adhère. Mais ce serait plus l'impact du concept qui me fascinerai que l'ensemble voulu par l'auteur. L'œuvre, sur le plan strictement visuel ne serait qu'un outil de transition à son concept. L'interprète au service du compositeur. car une œuvre d'art contemporain, dénuée d'indications, a un intérêt extrêmement limité si ce n'est quasi-nul.

Et pourquoi je parle de tout cela? Car depuis quelques temps, j'aspirai à étoffer ma connaissance dans ce domaine. Pas pour faire mon péteux comme certains, mais vraiment pour enrichir ma connaissance artistique et me faire entrevoir de nouvelles portes de l'inconscient. Mon goût pour l'absurde et le surréalisme ont bien évidemment joué dans cette démarche. Et après avoir feuilleté plusieurs expositions sur la toile du web, mon choix s'est finalement porté sur le "Centre Pompidou" et de son ossature solide en matière d'arts nouveaux. La dernière fois que j'y suis allé, à vrai dire ce n'était pas très récent; à l'école primaire exactement, aux environs de 1998-1999. Mais déjà, certaines oeuvres m'avaient marqué. Au point d'avoir fait des cauchemars atroces ... Mais ma soif a depuis toujours persisté, et quitte à ce que cela fasse mal.

Moi, ce que je voulais voir avant tout, c'était quelque chose de fort. Quelque chose de terriblement explicite et violent, qui n'a pas besoin de se munir de concept. S'il y a bien une oeuvre qui représenterait à merveille ce que j'essaye de décrire serait celle-ci, aperçue justement aux informations du 13h de France 3 lors de le manifestation de la "FIAC" qui s'était déroulée du 22 au 25 octobre à Paris:





Ce billard m'a laissé froid d'incohérence, et potentiellement d'une peur glaciale inexplicable. C'est d'autant plus fascinant que cela mélange de façon subtile et dissimulée deux mondes aux traits communs quasi-pauvres. Après avoir tapé plusieurs fixettes dessus, son image vulgaire et décalée m'obsède. C'est tellement peu anodin, tellement imperceptible que ça en insulte explicitement la conscience. Et pour cette précieuse caractérisque, j'ai envie de dire que c'est une oeuvre de grande qualité. Mais je ne crie pas au génie. Car il n'y a pas de génie dans l'art contemporain, il faut juste se munir d'une excellent imagination, et de transposer une possible suite d'images défilant dans nos esprits sur une base concrète et physique. Mais ce billard tout de même ... D'ailleurs, cela ne m'étonnerait pas que le fait d'avoir pris un billard ancien soit volontaire, ça rajoute une couche de malsain et de glauque ...

Or, ce n'est pas vraiment l'impact que j'ai eu avec les deux expositions que je suis allé voir au Centre Pompidou. Les deux expositions étaient "Pierre Soulages" et "La Subversion des Images". Le premier se rapporte en partie à ce que j'ai dit au début de cette chronique, un concept fascinant mais une représentation visuelle pas spécialement attirante ... Son truc à Pierre Soulages, c'est le noir. Dans toutes ses formes. Les trois-quarts de ses tableaux en sont remplis et c'est surtout à travers l'attaque du pinceau et des jeux de lumières à travers ces attaques que l'artiste construit son oeuvre. Sauf qu'en fin de compte, ses tableaux ont vraiment un rôle de porte-parole de sa conscience, même si c'en est le but, on pourra s'ennuyer très vite tant ils se ressemblent ... Seuls quelques rares peintures attireront mon attention, hors de leur concept. Trop peu. Bien trop peu.

(Une galerie de l'artiste est disponible à cette adresse)

Deuxième exposition, celle dont j'avais vu que du bien et qui avait fait que mon choix s'était porté sur le centre Pompidou comme destination, "la subversion des images" ... Je m'attendais à un truc surréaliste, mais je ne l'entendais pas dans ce sens là. Nous avions à faire là à du surréalisme façon "collage photo des années 30". Non seulement, ce n'était pas très beau, mais en plus de ça, ce n'était absolument pas bouleversant ... A mille lieux du billard ... L'approche n'était pas si lointaine du Dadaïsme, prendre quelque chose de banale, de le modifier brièvement et de l'afficher sous l'appellation d'un mouvement avant tout philosophique qu'artistique. Excepté des courts métrages assez amusants (chapeaux melons volants, tromperies visuelles, etc ...), cette exposition fût également une déception.

Je suis reparti bredouille, et en ayant modifier clairement ma position sur l'art contemporain "pur et dur", en me disant que le concept ne justifie pas tout, même si certaines oeuvres provoquantes par leur minimalisme me fascine tout de même, je comprends ceux qui ne peuvent pas les voir. Comme je le mentionnais un peu plus haut, ce serait plus une image mentale philosophique plutôt que de l'art comme la plupart des gens l'entende et qui fait selon moi la grande différence entre l'art contemporain et les autres arts tradionnels: le travail de l'artiste tradionnel sera manuel tandis que le travail de l'artiste contemporain sera avant-tout cérébral.

Progressive Nation 2009

26 octobre 2009

Salut les p'tits lous! Eh oui, cela faisait un mois que je n'avais donné de nouvelles sur ce blog, mais à vrai dire, l'envie n'était plus là ... Et y'a pas à dire, mais cela prend quand même énormément de temps, surtout concernant les chroniques ...

Mais aujourd'hui, il n'y aura pas besoin de se prendre le crâne une demi-heure pour savoir de quel sujet nous allons développer. Il est tout prêt, il est tout chaud (quoiqu'il commence à dater tout de même), le sujet en question est la fameuse "Progressive Nation" auquel j'ai assisté avec en tête de gondole les indétrônables Dream Theater, qui s'est déroulée au Zénith de Paris le Dimanche 4 octobre 2009, soit exactement 15 ans après la sortie de leur 3ème album, Awake. Alors que l'on pouvait s'attendre à quelque "surprise" du à cet anniversaire (comme il l'avait été pour les 15 ans du Images & Words), l'avenir nous montrera que l'on avait tort. Il faut dire qu'elle prend de la place celle nouvelle Progressive Nation! 4 groupes pour environ 4 heures de musique! Le set de Dream Theater en a été clairement amputé. Fort regrettable d'ailleurs ...

Et Dream Theater, en tête de file et créateur de cette "nouvelle manifestation musicale" nous a dégoté 3 groupes, plus ou moins connus au style plus ou moins variable; il s'agit de Unexpect, Bigelf & Opeth. Excepté le 3ème que j'avais été voir l'année dernière avec Cynic en première partie et que j'avais d'ailleurs commenté de façon assez peu élogieuse sur ce blog, Unexpect et Bigelf étaient pour moi des inconnus sur le plan scénique. Mais avant de développer, revenons sur le prologue de cette histoire ...





Je devais rejoindre des amis à moi vers les alentours de 15h dans l'avant-dernière file. Malgré l'ampleur de l'affiche, il n'y a pas masse de fans et j'ai pu sans aucune difficulté les retrouver. Après avoir passé de longues minutes à discuter et à débattre sur les groupes qui nous ont été proposés ce soir là (et pas tout le temps en bien il est vrai), les portes s'ouvrent vers 17h00. Le temps d'une pause pipi éclair et nous arrivons à nous placer collé contre la barrière (l'avenir nous montrera que ce n'était pas le choix le plus judicieux) et vers 18h15, c'est Unexpect qui déboule sur scène avec leur armada entrollés et folkloriques dans une ambiance conviviale et bon enfant. Unexpect, sur le peu que j'avais écouté d'eux, ça avait de la gueule. Une sorte de Metal-Progressif bordélique au potentiel mélodique et bourrin indiscutable possédant une chanteuse alternant passages clairs et passages gutturaux et un violoniste à la présence palpable. Sauf qu'il y a rendu studio et rendu live. Et concernant Unexpect, à vrai dire, je ne pourrai pas vraiment juger leur prestation purement musicale étant donné que le mixage proposé était extrêmement déséquilibré, et à cause de cet incident clairement notable, le "rendu live" n'a pas joué en sa faveur et il vaut mieux pour l'instant se pencher sur leurs œuvres studio.

Malgré un mixage atroce (trop de basses, guitares trop faibles, chant trop puissant), ce fût un plaisir scénique. 7 joyeux lurons déjantés se substituant à leur rôle de porte-parole du délire, soutenu par un violoniste chevelu headbanguant (!) en maîtrisant toujours avec autant de facilité son instrument et avec un bassiste à la basse au nombre hallucinant de 9 cordes, et sachant la manier avec brio et inventivité (slap, tapping et jeu très rapide aux doigts. Très impressionant quoiqu'un peu surchargé techniquement). Et je trouve assez regrettable de voir que ce fût le groupe le plus sous-estimé de la soirée et le plus descendu via les messages de certains forums alors que sur les 4 groupes du soir, ce fût celui qui fût le plus communicatif avec le public. Et pour cette précieuse caractéristique, il aurait été juste de prendre part à plus d'enthousiasme ...

S'en suit après Bigelf. Alors Bigelf est l'archétype même du groupe peu inspiré qui malgré cela, arrive à obtenir une certaine reconnaissance du public et de la presse. Et je dois avouer que je ne comprends pas. Certes, Bigelf n'a rien inventé (d'ailleurs, cela ne m'étonnerait pas qu'ils l'avouent eux-mêmes) Mais à un tel stade de similarité avec tout ce qui marchait dans les années 70, je trouve ça limite. Leur succès est terriblement injustifié. Encore si ce n'était que sur le plan strictement musical, on pourrait se montrer tolérant, mais non, là aussi ça coince ... En plus de proposer quelque chose d'extrêmement formaté, l'attitude des principaux protagonistes, et surtout du chanteur-claviériste à la dégaine d'un mauvais Tim Burton (un peu comme si Ozzy jouait le rôle principal dans Sleepy Hollow ...) m'écoeure au plus haut point et me fait même demander si ces gens là ont vraiment la musique comme dessein. Une telle arogance avec si peu d'arguments artistiques, non, je n'y adhère pas. Vraiment pas. Un clone de Black Sabbath? un clone de Deep Purple? Un peu les deux en même temps à vrai dire. Dans cette demi-heure de musique bien tassée, je ne leur ai trouvé malheureusement que des défauts. Le guitariste nous balance des plans préfabriqués et prévisibles, le claviériste-chanteur nous la joue genre "je fais des solos et je regarde même pas!" (Les "Keyboard-Hero", ça a jamais été mon truc. Je suis plutôt du genre Rick Wright ...) Le bassiste (une sorte de Lemmy jeune qui joue aux doigts) et le batteur remplissaient un rôle rythmique plutôt minimaliste, ce sont malgré tout sur eux que l'intérêt sera le plus solide.

Et aussi injuste que cela peut paraître, ce sont eux qui ont bénéficié du meilleur mixage, qui fait que malgré la musicalité limite s'en dégageait quelque chose d'honorable ... Et ça, cela me faisait presque chier ... Conspiration! (Mike Portnoy, principal instigateur du choix des groupes de la "Progressive Nation 2009", a pris dans ses rangs Bigelf car cela lui faisait penser à tous les groupes de rock des années 70 que lui écoutait ... On comprend mieux maintenant ... D'ailleurs, il fit une apparition dans leur set, ce qui éveilla l'optimisme du public)

Arrivant vers la moitié du concert, une forte envie se fait ressentir: la soif! Le voilà, l'inconvénient d'avoir sa place tout devant. Bifurquer vers les chiottes possède un point de non-retour peu appréciable ... Malgré tout, le show continue, et c'est Opeth qui pointe le bout de son nez. Un Opeth que j'ai trouvé très timide scéniquement malgré la violence palpable de leur musique. Le groupe entame un "Windowpane" suave et lancinant avant de s'attaquer à quelques baobab de sa discographie comme Harlequin Forest, Deliverance ou The Lotus Eater. Et à vrai dire, mon jugement envers eux par rapport à l'Elysée Montmartre n'a pas vraiment changé, leur musique, même de qualité, est lourde de répétitions. Et en dehors de ça, quand je vois Opeth je vois surtout Mikael Akerfeldt. Les autres restent assez en retrait, scéniquement parlant. Opeth, c'est une musique en méditation avec l'âme. Et le fait que ses représentants soient assez peu avenants n'est au final pas très dérangeant. Mais quand on a le gosier à sec, on trouve ça lourd, très lourd ...

Les mecs d'Opeth partent comme ils ont débarqués, un peu à la va-vite. Et en repensant à l'éventualité d'une entracte très longue, les types de la sécurité siégeant entre la scène et le public prennent l'excellente initiative de nous donner à boire. Ce qui fait que l'on pourra jouir pleinement du set de Dream Theater sans se soucier de nos petits traquas anatomiques, cool!

Après - comme nous l'avions estimée - une entracte longue se pointe (30 minutes), les lumières s'éteignent et la bande son de "A Nightmare To Remember" se manifeste, taillée de près par la descente de rideaux qui laisse entrevoir le groupe en action, excepté LaBrie qui se pointera 3 minutes plus tard muni d'une gabardine à la "Dracula" assez énigmatique et correspondant assez au caractère du personnage (gabardine qu'il laissera tomber au bout de 25 minutes du à la chaleur). Et avec tout ça, une première déception notable, le son brouillon ... Inévitable paramètre de mixage des concerts de Metal dans des salles assez imposantes. Le son trop puissant fait que l'on arrivait pas à percevoir toutes les notes des solos de John Petrucci et de Jordan Rudess. Emmerdant. Mais pour en revenir à LaBrie, son attitude est de plus en plus étrange. A peine une partie instrumentale pointe le bout de son nez qu'il s'isole derrière la scène où qu'il abuse de son breuvage pour sa voix histoire de "faire quelque chose au lieu de rester planté là comme un con". Bien que ça ne soit pas la première fois qu'il agisse de cette façon, la manière dont il s'écarte peut laisser penser que l'ambiance dans le groupe n'est pas des plus appréciables ... Et de plus, il ne laisse pas entrevoir une totale décontraction dans son attitude, je le trouve de plus en plus mal à l'aise (je le soupçonne même d'avoir voulu mettre les mains dans ses poches à plusieurs moments). Et les autres? Ils n'ont pas vraiment changé. Portnoy est de plus en plus con, Petrucci, de plus en plus gonflé, Myung, de plus en plus indifférent, et Rudess de plus en plus équipé. Non, ils n'ont pas changé ...

Le groupe enchaîne avec "The Mirror / Lie" qui arrive à me faire frémir. C'est lourd, c'est puissant, c'est "Metal!", mais à l'époque, contrairement à un "A Nightmare To Remember", c'était crédible. LaBrie arrive même à faire chanter le public (seul!) sur le dernier "Don't Tell Me" (comme il y a 4 ans pour la tournée Octavarium!) qui a toujours son petit effet.

Après presque une demi-heure de musique, ce dernier entame enfin la conversation avec le public parisien, pas pour dire grand chose de très bouleversant, certes, mais un contact tout de même ... Il nous ressort toujours la même formule et son "Comment ça 'fucking' va?!", qui au delà du ridicule, en découle un certain effort assez appréciable. En fait, si il parle, c'est aussi pour annoncer le prochain titre, "A Rite Of Passage" ... Ah merde, me dis-je ... "Bon, t'en qu'on a pas Wither, c'est cool en tout cas" ... Et pour la troisième fois de la soirée, j'allai avoir tort ... Et si! Ils l'ont fait! En plus d'avoir osé publier "Wither" sur le dernier album, ils ont également eu l'audace, que dis-je le! La hardiesse d'avoir osé la jouer en live! Cela m'a purement anéanti. Je ne pouvais qu'assister impuissant à cette manifestation insipide et inexpressive dont j'étais une des nombreuses victimes. Et malgré tout, avoir réuni mes forces pour la boycotter à ma façon (un peu comme quand "Fear Of The Dark" avait été jouée lors de la reproduction de la tournée de "7th Son" de Maiden en 2008 ...). Malgré mon lynchage personnel et méditatif que j'accordais à ce morceau, le public avait plutôt l'air d'apprécier ... Etait-ce simplement pour jouer le jeu ou par réelle conviction? A vrai dire, je ne sais pas ... Et ça, ça me fait flipper ...

La suite? Elle fût anecdotique. Peut-être plus par le bourage de crâne sonore que je subissais depuis 3 heures que l'interprétation de "Wither", je dois le reconnaître. Pourtant, l'enchaînement "The Dance Of Eternity" et "In The Name Of God" (que je n'avais jamais entendu en live) aurait "du" être orgasmique! Sauf que ça ne fût pas le cas. Le son trop fort, la fatigue et la soif anéantissait le peu d'enthousiasme qui me restait, ce qui fait que l'interprétation de ces deux morceaux me laissait assez indifférent et je me le reprochais presque ... The Count Of Tuscany est venu clore cette soirée assez morose où je n'éprouvais plus grand chose si ce n'était aller boire un coup et me barrer ... Dream Theater remercie son public, assez chaleureusement, je dois le reconnaître (d'ailleurs, je suis toujours fasciné quand John Myung se prend à cet exercice ... Un petit coucou furtif et hop! Plus de Myung ...) et un de mes potes à ma droite est parvenu à obtenir le médiator de John Petrucci. Content, il l'était. 'Faut dire qu'il m'a en partie écrasé pour le choper en plein vol. Et c'est assez rigolo à remarquer, mais c'est à ce moment du concert que ça a le plus bougé. En même temps, cela me fait rire, mais en même temps, cela me dépite. (là, j'aurai bien mis un smiley rigolo, mais dans un article, ça le fait moyen)

Dream Theater, malgré le fait qu'ils restent indétrônables de ce genre de manifestations musicales, c'est le groupe qui est paradoxalement le moins actif sur le plan scénique. Et je ne ressent plus d'osmose, plus d'harmonie, une certaine impression de "je fais mon taf" assez détestable ... Je suis resté sur ma faim, clairement sur ma fin ... Ce fût d'ailleurs la première fois que je fus déçu de ce groupe en live, peut-être la fois de trop ...

Van Der Graaf Generator - Pawn Hearts

20 septembre 2009

Artiste: Van Der Graaf Generator
Album: Pawn Hearts
Année de Sortie: 1971
Durée: 45:08





Tracklist:

1. Lemmings (Including Cog) (11:37)
2. Man-Erg (10:20)
3. Plague Of Lighthouse Keepers (a. Eyewitness / b. Pictures/Lighthouse / c. Eyewitness / d. S.H.M / e. Presence Of The Night / f. Kosmos Tours / g. (Custard's) Last Stand / h. The Clot Thickens / i. Land's End (Sidelines) / j. We Go Now) (23:04)


Line-Up:

Hugh Banton: Orgues Hammond & Farfisa, Piano, Mellotron, Synthétiseur ARP, Pédale Basse, Guitare Basse, Chant
Guy Evans: Batterie, Timballes, Percussions, Piano
Peter Hammill: Chant Principal, Guitares Acoustiques, Guitare Slide, Piano Electrique, Piano
David Jackson: Saxophones Alto, Ténor et Soprano, Flûte et Chant

(+ musiciens additionnels)

Robert Fripp: Guitare Electrique sur "Man-Erg" et "Plague Of Lighthouse Keepers"


Chronique:

Van Der Graaf Generator, c'est un peu l'élève turbulent de la classe élitiste du rock progressif des années 1970. Car Van Der Graaf façonne sa musique en totale opposition avec ses congénères en proposant une musique lourde, agressive, saturée et volontairement désagréable ... Ce qui en fait quelque chose de terriblement fascinant, mais sous cette fascination, l'effet fruste de cette musique ne sera pas sans dommage, que l'on soit fan ou pas. Et pourtant, pour que cet album soit fascinant, il faut avant tout le comprendre et faire abstraction de son enveloppe corrosive. Car oui, quand j'ai écouté Van Der Graaf Generator pour la première fois (l'album Godbluff de 1975), je ne lui trouvais absolument aucun intérêt et avait même oser dans ma barbe à me dire que ce groupe était la représentation même du Rock-Progressif bâclé chiant, qui n'a de prog que la forme! Et aussi absurde que cela peut paraître, c'était clairement justifiable, car rien n'est fait pour allécher les oreilles de l'auditeur.

Et il m'a fallu de nombreuses écoutes supplémentaires pour progressivement rectifier ce préjugé hâtif. Non, Van Der Graaf est beaucoup plus subtil que ça, mais encore faut-il avoir le courage de se l'affirmer. Même si sur le plan strictement musical, ça n'est pas spécialement révolutionnaire, l'approche, quant à elle, pourrait l'être. Une musique dominée par les saxophones et des orgues saturées, où la place de la guitare est extrêmement minimaliste (quelques accords à la sèche ou quelques glissandos très furtifs. Même les interventions de Robert Fripp sont à peine audibles) et où la basse n'est pas systématiquement tenue par une guitare basse, tout cela soutenu par la voix de lépreux de Peter Hammill, hallucinante par son registre, cela change de façon assez radicale des formations conventionnelles du Rock de cette époque. Et cette absence d'instruments conformistes renforce son intérêt. Surtout que les quatre gaillards ont tous un jeu commun, qui fait l'identité de leur musique. Peter Hammill raille ses tripes comme s'il était constamment à bout de souffle, dans un moment de pur agonie orgasmique, Guy Evans martèle ses fûts avec violence et de manière assez peu académique, Hugh Banton pose des ambiances rêches et décharnées avec son orgue tandis que David "Jaxon" Jackson fait hurler ses saxophones en osmose avec la rudesse mélodique des orgues de son collègue. Et même ses interventions à la flûte sont acerbes, malgré le potentiel lyrique qui se dégage de cet instrument.

"Pawn Hearts" est un blocos sur un service de porcelaine. Instable et imprévisible, cet album se démarque par sa folie, une folie schizoïde où l'homme est en confrontation avec lui-même et avec ses questions métaphysiques universelles, où personne ne peut lui venir en aide. Certaines phases sont accélérées au stade de pur démence (Milieu de "Man-Erg", milieu et fin des trois quarts de "Plague Of Lighthouse Keepers") où l'on prend provisoirement la peau d'un aliéné délaissé aux soins psychiatriques se présentant manifestement comme néfastes. Ces passages de psychose sont masturbatoires et renforcent l'intérêt des morceaux cités car plus ces phases sont intenses, plus l'attente jusqu'à ce qu'elles se manifestent sera jouissive, comme une montée en puissance qui est guidée par le futur plaisir que cela va nous procurer.

Quand on écoute Van Der Graaf Generator, on est un être en adéquation avec le tourment et les aspects les plus détestables de la vie et on trouve en cette musique une sorte de lamentation et de séance d'auto-flagellation introspective, où les éruditions rossées de Peter Hammill nous servirait de gourou spirituel vers un au-delà incertain. Quand on écoute Van Der Graaf Generator, on ne veut pas être bien. On veut souffrir, mais malgré cela, il y a un côté thérapeutique qui en découle qui est indéniable. Sortir les mauvaises choses de soi-même et exploiter tout leur potentiel malfaisant. Et cela fait du bien. Quand j'écoute les phases apocalyptiques de "Plague Of Lighthouse Keepers" où Hammill vocifère son mal-être, je ne peux m'empêcher de l'accompagner dans sa frustration funèbre, une transe furtive et tendue s'empare de mon corps et j'affronte virtuellement les maux vidés du sac de l'humanité.

Mais Van Der Graaf Generator n'a rien à voir avec les groupes 'Gothico-Black-Emo' où le mal-être et l'exagération est rangé au rang d'apologie."Pawn Hearts", c'est une baignade à 14 degrés dans la manche sur une plage de galets avec un vent à 110 kilomètres couverts de nuages gris et insignifiants. Pour compléter le tableau, on pourrait même rajouter des vagues que l'on se prendrait dans la gueule avant même d'avoir posé les pieds dans l'eau. On plonge dedans, on s'en mordrait presque mais on en ressort avec de l'espoir et de la niaque, et aussi un sentiment extrêmement jouissif d'avoir l'impression de ne pas être comme les autres et de fustiger du regard le monde avec un certaine impression de ressortir d'un combat inexistant la tête haute. Van Der Graaf, c'est le hurlement universel, c'est la culture de la souffrance qui est en nous et d'en exploiter toutes les richesses et proposer une œuvre poignante, mûre et terne.

Note: 16/20

Anderson Bruford Wakeman Howe

16 septembre 2009

Artiste: Anderson Bruford Wakeman Howe
Album: Anderson Bruford Wakeman Howe
Année de sortie: 1989
Durée: 59:05





Tracklist

1. Themes: Sound / Second Attention / Soul Warrior
2. Fist Of Fire
3. Brother Of Mine: The Big Dream / Nothing Can Come Between Us / Long Lost Brother Of Mine
4. Birthright
5. The Meeting
6. Quartet: I Wanna Learn / She Gives Me Love / Who Was The First / I'm Alive
7. Teakbois
8. Order Of The Universe: Order Theme / Rock Gives Courage / It's So Hard To Grow / The Universe
9. Let's Pretend


Line-Up:

Jon Anderson: Chant et Choeurs
Bill Bruford: Batterie
Rick Wakeman: Claviers
Steve Howe: Guitares électriques et acoustiques

+ (invités)

Tony Levin: Guitare Basse, Chapman Stick, Chant
Matt Clifford: Claviers, Programmation, Orchestration, Chant
Milton McDonald: Guitare Rythmique
(+ autre choeurs)


Chronique:

Présenté comme une sorte d'alternative à Yes où Jon Anderson et ses acolytes continuent leur bonhomme de chemin, en proposant un pop mièvre et insipide en totale adéquation avec le son de l'époque (Big Generator), "Anderson, Bruford, Wakeman, Howe", comme son nom l'indique, résulte des retrouvailles du leader arachnéen avec ses anciens compères de Yes. (Anderson ne pouvait pas prendre le nom de Yes, détenu par Chris Squire) Et pas des moindres: Steve Howe, Rick Wakeman et Bill Bruford. On retrouve presque la formation de "Fragile"! Bien que cela ait beaucoup de gueule sur le papier, le résultat qui en découle est loin, très loin de ce que l'on pouvait espérer. On nous avait déjà fait le coup avec Asia 8 ans plus tôt. Pourtant, musicalement, cette nouvelle greffe progressive n'est pas spécialement mauvaise, mais jamais elle n'aurait du voir le jour en 1989. Elle a au moins le mérite d'avoir été conçue dans un réel processus de création en dehors des enjeux commerciaux qui étaient propre à la doctrine d'Asia, qui elle, proposait une musique prévisible et formatée.

Mais malgré la qualité des morceaux, il y a quelque chose qui coince ... Les coupables? Il n'y aura pas besoin d'aller les chercher très loin. Ce sont les mêmes qui ont été à l'origine de l'échec de Tormato ... Si si, rappelez-vous ... Rick Wakeman et Jon Anderson (oui, ce sont eux!) se sont parfaitement adaptés à leur époque, voire un peu trop. Et c'est bien ça le problème. J'ignore de quoi était constitués les albums solos du premier cité précédent cet album, mais ça ne devait vraiment pas être fameux, les sons qu'il nous sort sortirai presque d'un mauvais album de Jean-Michel Jarre, on croirait à une blague, mais ça n'a malheureusement pas l'air d'être le cas ... Et Anderson? Il nous fait toujours part de sa politique naïve de l'amour et toutes les niaiseries qui l'accompagne, perché dans un monde dont il a beaucoup de mal à se défaire, c'en est légèrement écœurant. Mais ne les blâmez pas si hâtivement, ils ne savent pas ce qu'ils font ... Non, les années 1980 n'ont certes pas été prolifiques, mais encore moins concernant ces deux là. Steve Howe et Bill Bruford, quant à eux s'en sortent pour le mieux. La guitare n'est pas l'instrument qui a le plus souffert des nouvelles technologies, lui laissant toujours la possibilité d'exprimer son jeu écorché très caractéristique, tandis que pour Bill Bruford, malgré son jeu intelligent et incroyablement précis, aura eu la très mauvaise idée d'avoir utilisé une batterie électronique, l'amputant une partie de son talent. La basse quand à elle, est tenue par Tony Levin, incontournable de ce genre de projets.

Malgré tout, certains morceaux sont bons, très bons même. "Brother Of Mine" se démarque par sa ligne vocale épurée qui se présente même comme l'armature même du morceau où les instruments gravitent autour d'elle. "Birthright", pour sa sobriété, sera également très appréciable (se terminant par une introduction de didjeridoo assez inattendue). Le reste? A vrai dire, je reste perplexe ... Car les morceaux restants sont radicalement gâchés par la présence de Wakeman alors qu'ils auraient pu être bons ("Theme", "Fist Of Fire", "Order Of The Universe"). Pourtant, on sent sur cet album une volonté d'ouverture vers d'autres courants musicaux ou culturels. Mais là aussi, c'est raté. Quand j'ai entendu "Teakbois" la première fois, j'avais envie de me jeter par la fenêtre ... Ils ont osés! On dirait une parodie de la compagnie créole! Et passé le cap de vouloir se défenestré, on reste très mal à l'aise, mais on ne sait pas si c'est pour nous ou pour eux. "Order Of The Universe", quant à lui, flirte entre le générique d'Intervilles et celui de Denver ... Si, si!

Pourtant, on arrive des fois à éprouver du plaisir à l'écoute de ce disque, mais rien à faire, on ne peut rester aveugle aux interventions nauséeuses de Wakeman, elles nous rattrapent et parviennent malgré tous nos efforts inimaginables à contenir le reste et à écœurer notre système auditif. Car elles façonnent les ambiances, ce qui fait la couleur au morceau. Ce qui a une importance capitale. On dirait que cet album ... a été conçu pour les enfants!

Conclusion: un album qui aurait pu être potentiellement bon mais massacré de manière grotesque par les sons d'époque. Malgré quelques folies fortement appréciables, cela en fait quelque chose d'extrêmement indigeste, écœurant, voire même déprimant ...

Note: 12/20

Deep Purple - Fête de L'Humanité

13 septembre 2009

Après un mois d'absence (et l'attente latente de ma chronique sur le dernier Supersilent, il est vrai), me revoilà. Le week-end presque terminé, j'aimerai revenir avec vous sur la plus célèbre manifestation communiste française, la fête de l'humanité. Ou plutôt ce qui m'y a fait venir, en l'occurrence Deep Purple.

Je n'y étais jamais allé, et je dois avouer qu'il fallait que j'y m'y ramène au moins une fois, par curiosité. Et je dois dire que ce fût moins stéréotypé que je ne le pensais. Alors oui, bien sûr, les hippies chevelus, divers fêtards et ouvriers franchouillard se côtoyaient dans une ambiance solidaire et conviviale entourés de déchets cosmiques et malodorants qui en faisait inévitablement son charme, une ambiance de festival quoi.

Mais c'est avant tout de Deep Purple dont j'aimerai parler, qui se présentait incontestablement comme la figure de proue musicale de cette énième édition de ce festival atypique. C'est vers 21h30 que des amis à moi (tous chevelus il est vrai) et moi-même progressions gentiment vers la grande scène, bondée au possible où nous devions lutter avec hargne pour se retrouver un minimum en face d'elle (même si ma petite taille ne me permit de voir que l'écran géant se situant à sa droite) pour que le show ait tout de même un intérêt. Le concert avait déjà commencé et nous étions (enfin) calés.





N'étant pas un fin connaisseur de Deep Purple, mon avis se concentrera uniquement sur leur jeu de scène et la qualité de leurs morceaux, ce ne sera pas la chronique d'un fan qui pu jouir de l'interprétation de tel ou de tel morceau. Ce concert fût à moitié une découverte. D'ailleurs, je n'étais sûr que de l'identité du bassiste et du guitariste, Roger Glover et Steve Morse, contrairement aux autres où j'avais un doute (d'ailleurs, j'ai eu l'impression que ceux qui m'entouraient n'avaient pas l'air très renseignés non plus). Et c'est donc dans une ambiance mi-figue mi-raisin que débute le show des vétérans d'un Hard-Rock essuyé et teinté de parties quelque peu progressives qui avaient leur gloire dans les années soixante-dix. Mais je dois dire que je fût quelque peu déçu de leur prestation. Certes, après 40 ans de carrière, ils ont de bons restes et ils parviennent à maintenir un public, surtout quand il est assez imposant comme celui-là, mais c'est plutôt musicalement que cela m'é déçu. Oui, Deep Purple, c'est du bon. Ca dépote, c'est bon à entendre, mais les titres manquent clairement d'identité et de couleur. C'est un Hard-Rock chaleureux, mais un peu trop. Malgré quelques interventions au claviers (notamment au Moog, très réussies) notables, je ne trouvais pas l'extase musicale auquel je pouvais m'attendre avec un groupe de cette envergure.

Pourtant, le jeu des musiciens étaient bon, il y a juste Steve Morse que j'ai un peu de mal à encadrer avec sa dégaîne de guitar-hero potentiellement détestable, surtout que son jeu guitaristique n'était pas non plus flamboyant. Certes, le rendu musical était clairement honorable, ce fût un bon concert, mais cela sentait le réchauffé. Cela manquait de crédibilité. En plus de ça, j'ai trouvé le public relativement mou par rapport au nombre de personnes présentes. Il ne s'est vraiment manifesté que sur la fin du concert avec Perfect Strangers et Smoke On The Water (que j'ai d'ailleurs de plus en plus de mal à supporter malgré mon enthousiasme lors de son interprétation ... On ne peut pas faire tout le temps son rabat-joie ...)

Conclusion, un concert agréable, sans folie et sans surprises, le strict minimum. Malgré une envie notable des 5 musiciens, ce fût mou. En tout cas, ils m'ont tout de même donné envie de jouer à la fin de leur set, qui dans un sens, est positif.

Découverte: Venetian Snares

10 août 2009

La musique électronique ... C'est assez rigolo à admettre mais depuis que je me suis réellement intéressé à la musique, j'en était toujours instinctivement rebuté. Il me fallait du son réel, du son concret, du son qui sortait d'un instrument de musique. C'était une pensée extrêmement traditionaliste quand j'y repense à l'heure actuelle. Je n'aimais pas la musique électronique ambiante et le constat était encore plus sévère quand il s'agissait de samples de divers morceaux remplis de "Boum-Boum" clairement dispensables. Sauf que j'ignorais qu'il pouvait il y a voir de la subtilité dans la musique électronique et en l'occurrence dans ce qu'on appelle communément dans le langage populaire "du son de teuf" (mais qui m'irrite un tant soit peu).

Oui, car maintenant, mon opinion sur la musique électronique a clairement changé, en partie par la découverte de nombreux groupes ambiants des années 70s, Tangerine Dream en tête de file. Car pour moi, un son synthétique ne pouvait pas représenter pleinement l'idée que je me faisais de la musique. C'était trop superficiel pour que je puisse y croire. Mais en voyant ce que l'on pouvait faire avec des sons électroniques, je délaissai petit à petit ces préjugés hâtifs. De plus, depuis quelques temps, beaucoup de mes amis ou connaissances passaient des musiques sous l'étiquette assez explicite "son de teuf'" et malgré de l'irritation que la plupart de ces musiques me procuraient, je pu malgré moi en tirer des aspects positifs.





Et voilà qu'un jour, un pote à moi - également féru de sonorités psychiques des seventies et amateur de divers groupes électros modernes - me fît découvrir Venetian Snares. Alors Venetian Snares, ça a un peu l'air d'être un marginal dans le monde de l'électro, précurseur d'un mouvement nommé "Breakcore". Il manie les "beats" de façon volontairement anarchiques, où ils les signent avec des signatures rythmiques qui le sont tout autant, de sorte qu'il vous sera presque impossible de danser, de headbanguer ou de vous dandiner sur sa musique tant elle est imprévisible, rythmiquement parlant. Et c'est indéniablement ça qui m'a attiré chez Venetian Snares, c'est violent, très contrasté par des samples tantôt classique, tantôt contemporains ou tantôt reggae, et cela représente de manière très réussie le monde dans lequel nous vivons tant notre cerveau est trompé par ce flots d'informations et d'évènements que nous avons à analyser.

Et cette découverte pourra être bénéfique à l'avenir, car elle pourra m'amener directement à d'autres sous-genres de la musique électro, à certains genres comme celui que fait Venetian Snares et qui m'étaient inconnus jusque-là. La musique électronique est une appellation très vaste d'un genre de musique, et que l'on peut voir comme un monde parallèle, contraire au notre, où toutes les formes de vie qui se manifestent dans notre monde auraient leurs représentants synthétiques et électroniques. Là où notre monde connu est représenté par le son naturel et spontané des instruments acoustiques. Et c'est pour cette raison que cet univers ô combien vaste reste à découvrir ...


Fiche:

Artiste: Venetian Snares
Genre: Electro / BreakCore
Origine: Canada
Nombre d'albums: Beaucoup
Années d'activité: 1997 - maintenant


Le Désert des Tartares

7 août 2009

Le désert des Tartares est un roman écrit par Dino Buzzati en 1940.

Et ce roman, je l'ai enfin terminé. Pourquoi enfin? Car je l'avais commencé il y a longtemps - plus d'un an - mais ne m'étant pas suffisamment immergé dans l'œuvre, je le délaissa au bout d'une centaine de pages pour m'adonner à quelque chose de plus vivifiant.

Mais l'année d'après, je me suis mis à la relecture de ce livre (que j'ai du relire depuis le début, le synopsis de l'histoire m'avait depuis échappé) et je vais pouvoir vous raconter mon ressenti face à cette œuvre de la littérature d'un genre que je ne pourrai définir.





Synopsis: Le Lieutenant Drogo est affecté au Fort Bastiani, une vieille bâtisse siégeant au pied des montagnes délimitant deux royaumes par une frontière d'un désert vaste et mystérieux où depuis des années, les protagonistes attendent l'arrivée des ennemis, les tartares qui se font attendre et qui n'arrivent jamais. La vie au fort est très cadrée, monotone et dénué de tout ce que l'on peut espérer de beau dans la vie. Le lieutenant Drogo n'a qu'une idée en tête quand il arrive dans cette atmosphère taciturne: partir au plus vite.

Attention, les éléments suivants dévoileront l'intrigue.

Sauf que, contre son gré, ou contre sa motivation d'avoir à faire à cet hypothétique combat contre les Tartares, Drogo ne parvient pas à partir et à se détacher de ce train de vie déshumanisé et férocement cadré par les rigueurs militaires. Drogo prend un certain plaisir et un certain goût à cette monotonie où il trouve la jouissance de la vie à travers l'attente du combat ultime, son but, le combat de sa vie, le combat qui fait qu'il se force à rester ici en s'abstenant de tous les plaisir malins et futiles que lui offrirait une vie normale. Il se dit qu'il a le temps, qu'il a tout son temps, qu'il est encore jeune et fringuant, qu'il a encore de belles années devant lui. Mais après de longues années au Fort, au retour à la ville, il se rend compte qu'il n'est plus le même, qu'il n'a plus rien à voir face à ceux avec qui il passait du bon temps dans sa courte jeunesse, il ne trouve plus l'essence qui faisait sa fougue d'antan, le rythme rébarbatif du fort l'a rendu mécanisé, telle une enveloppe charnelle dénuée de subtilité, une entité mouvante, tout simplement un corps sans âme.

Ne trouvant un but qu'à travers la vie du Fort (où il ne cesse de monter en grade, sans pour autant avoir une grande considération de la part de ses subalternes), Drogo continue son état de non-vie où il attends avec une patience surhumaine pour seul compagnon le but qu'il s'est mentalement fixé. Et ce but, il est tout près d'arriver. Drogo a près de 54 ans (dont 30 passés décalés de la civilisation), mais à l'approche des Tartares, Drogo tombe malade et doit contre son gré, renoncer à la bataille, la bataille de sa vie, sa bataille; où tous les sacrifices qu'il s'est donné de respecter pendant ces 30 années n'auront servi qu'à anéantir purement son existence, tellement son échec est immense. Tout une vie à attendre un but qui, quand il pointe le bout de son nez, n'étant plus d'attaque à l'affronter, et la seule que vous devez affronter est le naufrage indescriptible de votre vie passée.

Cette œuvre m'a marqué. Car elle rejoint implicitement l'idée qu'il ne faut pas trop s'attarder sur des principes que l'on s'est maladroitement inculqués, et qui se présentent comme un obstacle évident de ce que l'on doit normalement vivre d'heureux dans une vie; à savoir le partage avec l'autre, le partage avec les autres. Que ces principes - même s'ils paraissent louables et légitimes pour la personne qui les appliquent - ne doivent pas empiéter sur ce qu'elle aurait aimer de simple et futile si ce projet n'aurait pas été un guide aveugle pour elle. Guidé par la gloire, une gloire n'étant pas certaine de se montrer, mais une gloire envisageable, et sacrifier son existence pour elle. C'est une sorte de fantasme d'auto-satisfaction à travers ce qui pourrait potentiellement arriver et de porter peu d'importance aux plaisirs de l'existence en les repoussant toujours ultérieurement sous ce prétexte douteux qui voudrait qu'on ai le temps ...

Le temps. C'est le thème le plus (et le mieux) employé dans le "Désert des Tartares". Ce livre démontre de manière forte et extrême sa fuite et du temps inutile qu'on lui consacre. A travers l'existence de Drogo, le fait d'être immergé dans un climat froid, mécanisé, et déshumanisé l'a induit en erreur sur la notion du temps. Ces repères temporels étaient bien trop maigres pour qu'il s'en rende compte et que cela l'atteigne.

Et ce qui est terriblement passionnant à travers cet écrit, c'est que l'auditeur qui suivra avec beaucoup d'attention le fil conducteur de l'histoire n'aura aucun mal à imaginer divers dénouements dépassant la raison, tant le fameux "désert des tartares" est présenté de façon mystique et fantomatique, lande inhabitée d'un dessein imperceptible, laissant le lecteur construire son imagination vorace. On salive et on palpite à l'idée qu'il nous reste qu'une bonne vingtaine de pages, car on ne sait à quoi s'attendre, tant le monologue de Drogo à travers la monotonie de sa vie militaire fût pesante et décrite de tous les recoins. On sait qu'il va se passer quelque chose de terrible, mais on ne saurait dire quoi. Même si sur les dernières pages, on sera vite fixés.

D'ailleurs, la fin est intéressante, car beaucoup d'entre nous auraient pu penser que le lieutenant Drogo allai mettre fin à ses jours, mais au lieu de ça, il a réagi comme il n'a cessé de réagir pendant les 30 années où il siégeait au fort; l'attente et la satisfaction béate de cette attente. Il attends et trouve son carburant vital à travers ses pensées et ses rêves, comme si ses rêves étaient vie et que sa vie n'était que rêves dont il fallait porter peu d'intérêt. C'est beau, presque émouvant, terriblement triste et austère. Mais le message qui en ressort vous frappe au visage d'une telle intensité que vous ne pouvez rester de marbre. Malgré les tournures de certaines phrases un peu irritantes (qui a fait que je n'ai pas accrocher tout de suite) et la lenteur excessive et progressive de renouveau, ce roman, pour son impact existentiel fort est d'une réussite évidente.

Tangerine Dream - Phaedra

25 juillet 2009

Artiste: Tangerine Dream
Album: Phaedra
Année de sortie: 1974
Durée: 37:34





Tracklist:

1. Phaedra (16:43)
2. Mysterious Semblance At The Strand Of Nightmares (10:35)
3. Movements Of A Visionnary (7:55)
4. Sequent 'C' (2:17)


Line-Up:

Edgar Froese: Mellotron, Guitare Basse, Synthétiseur VCS3 & Orgue
Chris Franke: Synthétiseur Moog, Claviers & Synthétiseur VCS3
Peter Baumann: Orgue, Piano Electrique, Synthétiseur VCS3 & Flûte


Chronique:

Avec Phaedra, nous sommes à l'aube de la réponse universelle du symbolisme global de toutes nos questions existentielles, comme si nous attendions avec une patience inhumaine la sentence verbale des choses dont nous avons passé une majeure partie de notre vie à supposer, et qui ont suscité en nous une peur inexpliquée, formulée par un gourou fluide et javellisé cerclé de machines du savoir et de la raison, le tout d'un ton trop solennel pour qu'on puisse y croire, laissant les récolteurs d'authenticité hiératiques.

Quand on écoute Phaedra, nous sommes dans le monde de l'après-savoir, le savoir ultime et la connaissance sacrée, le monde ultérieur et élitiste. Car ce savoir relègue à un rang inévitablement grotesque les choses qui ont suscité une indéfinissable curiosité jusqu'à cette inconcevable révélation. Nous nous laissons bercer et savourons le fruit passé de notre existence. Les machines tournoient et s'octroient la couleur de la vie, se convoquent, délibèrent le tout dans une harmonie intrinsèque incroyablement froide mais sereine. Elles nous charcutent avec douceur et volupté, et ont été le but de notre voyage ... Et si nous avons réponse à tous nos doutes et maux qui ont alternés de façon désagréable notre existence, que nous reste-t-il si ce n'est profiter de ce plaisir malin et inintelligible?

Car malgré cette hypnose envoûtante se cache un sadisme profond et malsain, celui d'avoir l'intime conviction que nous serons seuls et graves pour l'éternité. Une solitude qui se caresse dans le sens du poil, une quiétude d'un presque silence cauchemardesque. Le soupir d'une désolation d'un charme non destructeur mais juste effroyablement austère. Cette sensation d'auto-mutilation de l'esprit pour en découvrir des tréfonds où même Dieu lui-même n'auraient pu soupçonner son existence, mais d'où l'on sort non sans dommages des trésors qui pourront nous illuminer avec un enthousiasme atroce pour le reste de l'éternité. C'est l'album qu'aurait du emporter Mr Benis dans sa poche lorsque ce dernier cassa malencontreusement ses lunettes dans le tristement célèbre épisode phare de la "4ème Dimension" ...

Note: 17,5/20

Yes - Drama

22 juillet 2009

Artiste: Yes
Album: Drama
Année de sortie: 1980
Durée: 36:55 (+79:16)*





Tracklist:

1. Machine Messiah (10:27)
2. White Car (1:21)
3. Does It Really Happen? (6:35)
4. Into The Lens (8:33)
5. Run Through The Light (4:43)
6. Tempus Fugit (5:15)


Line-Up:

Trevor Horn: Chant & Guitare Basse sur "Run Through The Light"
Chris Squire: Guitare Basse, Chant & Piano sur "Run Through The Light"
Steve Howe: Guitares & Chant
Geoff Downes: Claviers & Vocoder
Alan White: Batterie, Percussions & Chant

*version remasterisée avec titres bonus


Chronique:

Après l'indiscutable échec de Tormato, Yes a trouvé bon de changer sa formule. Exit donc, Rick Wakeman et Jon Anderson, déstabilisés par la tournure musicale aseptisée involontairement adoptée par le groupe, comme s'ils sentaient qu'il fallait à tout prix mettre un terme avant qu'ils foncent inévitablement dans le mur. (Ceci dis, cet argument était clairement justifiable quand on voit ce qu'à donné les premières sessions de Drama, quand ces deux derniers étaient encore dans le groupe), Chris Squire, Steve Howe et Alan White se retrouvèrent à poil de leur gourou cabalistique et de leur déambulateur de paluches costumé (mais contrairement à Anderson, Yes n'avait eu aucune difficulté à remplacer Wakeman. Sans Patrick Moraz, la touche jazzy et chaleureuse de Relayer n'aurait jamais pu jaillir), clairement démoralisés par cet évènement inattendu, ils décidèrent malgré tout de ne pas dissoudre le groupe, même s'ils savaient qu'au fond, l'échéance arriverait tôt ou tard devant les mouvements musicaux en extrême mutation à l'aube de cette décennie des années 1980 qui s'est vu manifester une régression évidente de la musique Rock.

Les trois membres restants décidèrent de frapper un grand coup (et dans le même temps, prendre un sacré risque) : recruter les deux membres des Buggles, Trevor Horn et Geoff Downes! Deux inconditionnels de la pop léchée et limite parodique ayant un lien très pauvre (voire inexistant) avec la musique de Yes jusqu'à maintenant. Du pain-béni pour les détracteurs de la formation qui se réjouissaient de pouvoir les descendre avec un certain sadisme éloquent avant même que ce nouveau line-up ait pu travailler son nouveau disque. Mais entre nous, ceci était clairement légitime vu la sale publicité que Yes se mangeait depuis Going For The One. Et cette alliance imprévisible pouvait laisser sceptique.

Tout était réuni pour un échec d'une dimension astrale où toutes les revues musicales de l'époque pourraient s'adonner à cœur joie à une lapidation collective. Sauf qu'il n'en est rien, Drama est un coup de bluff hallucinant, cet album - vu son contexte - est inexplicablement excellent, ce qui ne l'a tout de même pas empêché d'être copieusement descendu, mais là n'est pas le problème, il l'aurait été quoiqu'il arrive. Mais la question à tendance quasi philosophique que se pose n'importe quel fan de Yes ayant un faible pour cet album est, "Pourquoi cet album est bon?" Tout comme Tormato, il y a plusieurs théories: la réponse la plus élémentaire serait d'affirmer que ce n'est pas un album de Yes, mais un album de Yes ET des Buggles, ce que je réfute. Drama est un authentique album de Yes, mais un Yes s'étant étrangement adapté à son époque musicale indécise. Trevor Horn et Geoff Downes ont apporté un coup de fraîcheur inattendu et un coup de boost phénoménal au groupe, signant d'une caractéristique clairement pop mais tout en prenant soin de ne pas dénaturaliser la musique épurée de nos britanniques à costumes, ce qui fait un album, paradoxalement, extrêmement progressif.

Si Drama est bon, c'est qu'ils ont maniés ces deux mouvements sans tomber dans le cliché, et il est évident que quand on passe de Tormato à celui-là, Wakeman et Anderson apparaissaient clairement comme les principaux instigateurs de la régression du son de Yes. Car ici, Geoff Downes exploite bien mieux les nouvelles technologies électroniques contrairement à Wakeman et son ignoble Birotron. Downes est également beaucoup plus sobre! Terminées, les grandiloquences pompeuses! Trevor Horn, quant à lui, apporte peu par rapport à son prédécesseur, sa voix est certes banale, mais laisse entrevoir toute sa profondeur quand il est soutenu par les lignes vocales de Chris Squire. On pourra lui reprocher quelques limites dans les aigus, là où Anderson était quant à lui clairement à ses aises.

L'album est également bien mieux produit que Tormato (le retour de Eddie Offord aux commandes n'y est pas pour rien), et ce qui fait qu'on le place comme un ovni musical est le fait qu'il ai une approche très Prog tout en ayant un son très kitsch, mais pour une fois, qui ne sera pas connoté péjorativement, ce qui dans un sens me paraît absurde. Cet album était la représentation même que le Prog pouvait avoir sa place dans les années futures, mais ça, personne n'y croyait, ou personne ne voulait le croire. Chaque morceau est inévitablement beaucoup plus Rock que les précédents albums. Chaque morceau est un potentiel petit concentré de dynamite, indépendants les uns des autres, créant des tubes en puissance sans en être vraiment. Machine Messiah propose une rythmique violente digne d'un groupe de Heavy-Metal découpés en plusieurs parties où les notes valsent astucieusement sur un nid à sensations, l'étrange interlude symphonique qu'est White Car laisse place au pulsif Does It Really Happen? à la ligne de basse démentielle et aux orchestrations utopistes laissant entrevoir les fantaisies musicales de l'univers d'un Crash Bandicoot, talonné par un Into The Lens jouissivement déstructuré au refrain imprévisible et dévastateur, comme se trouvant dans une barque, perdu au milieu d'un lac. Ce morceau est la représentation même de ce nouveau Yes, toujours fugace, toujours subtil, mais de plus en plus indicible et surtout d'une beauté hallucinante. Comme si ils avaient mis tout ce qui leur restaient de leur inspiration, celle qui vient des tripes, et qu'elle s'écoule jusqu'à la lie, quitte à se faire gerber*, contrairement au pâlichon Run Through The Light qui n'aura pour intérêt que de remarquer l'aisance notable qu'à Trevor Horn avec une 4 Cordes. Tempus Fugit clos cette nouvelle démarche créatrice (mais trop courte!) avec un puissant Rock fruité d'une virtuosité furtive mais un poil répétitive, comme s'ils avaient trop exploités le riff initial.

*(remarque: la première version de ce morceau s'intitulait 'I Am A Camera' est était initialement sortie par Downes et Horn quand ils étaient encore chez les Buggles)

Conclusion: Drama est en quelque sorte là pour retarder l'échéance fatidique et inévitable, réservée à tous les groupes de Prog en ce tout début de décennie. C'est d'ailleurs assez étonnant que Yes ai tenu tête aussi longtemps dans ce domaine; c'est un hommage et un épilogue honorable qu'il est bon de se le rappeler, et aucun autre album similaire à celui-là ne sera produit tant le contexte de sa réalisation était spécial. Trevor Horn ne se sentant pas à l'aise dans ce rôle si délicat et en conflit avec son ancien compère Downes, quittera le navire. Ce dernier quant à lui, ira former "Asia" avec Steve Howe, John Wetton & Carl Palmer. Le groupe sera officiellement dissous en 1981.

Note: 16,5/20

Yes - Tormato

18 juillet 2009

Artiste: Yes
Album: Tormato
Année de sortie: 1978
Durée: 41:35 (+79:50)*





Tracklist:

1. Future Times / Rejoice (6:46)
2. Don't Kill The Whale (3:56)
3. Madrigal (2:25)
4. Release, Release (5:44)
5. Arriving UFO (6:07)
6. Circus Of Heaven (4:31)
7. Onward (4:05)
8. On The Silent Wings Of Freedom (7:47)


Line-Up:

Jon Anderson: Chant, Guitare Alvarez 10 Cordes & Percussions
Chris Squire: Guitare Basse, Pédales Basse, Piano sur "Don't Kill The Whale" & Chant
Steve Howe: Guitares électriques et acoustiques, Mandoline & Chant
Rick Wakeman: Piano, Orgue, Moog, Synthétiseurs & Birotron
Alan White: Batterie, Percussions & Chant

*Version resmaterisée avec titres bonus.


Chronique:

Tormato est le 9ème album de Yes, et c'est la première déception notable du quintet qui sera malheureusement croissante avec le temps. C'est indiscutable - et malgré les arguments plus ou moins fiables de ses ardents défenseurs - cet album n'est pas bon. Mais pourquoi n'est-il pas bon? Les hypothèses fourmilles et je ne sais par laquelle commencer.

Premièrement, il y a la date. Tous les hypothétiques fans de Rock-Progressif que vous êtes qui lisent cette chronique n'auront pas de mal à approuver que c'est un des éléments étrangement fondamentaux de ce style musical aussi complexe qu'incohérent. Or, Tormato est sorti en 1978. Même si certaines formations du genre en étaient encore à pondre de belles œuvres, la plupart des cadors du mouvement étaient en flagrante perte créatrice, que ça soit ELP avec son caricatural Love Beach ou Gentle Giant et son innommable Giant For The Day. Sur Tormato, Yes est également en perte créatrice, qui pourtant n'était sorti qu'un an après le mystique et cristallin Going For The One dont je ne m'étais pas gêné pour le bourrer d'éloges. Pourquoi une descente aussi flagrante et instantanée? Et en cette fin de décennie fertile, le matériel - contrairement aux idées des principaux protagonistes - évoluait. Mais pas forcément dans le bon sens. Le plus grand défaut à cet album sont les sons utilisés par Rick Wakeman que l'on croirait tout droit tirés d'un synthé Yamaha pour gosse bon marché. Inutile de vous préciser que les sons qu'ils sortaient de son matériel nouveau était d'un kitsch nauséabond (mon dieu son solo sur 'On The Silent Wings Of Freedom' ...), mais ça, j'imagine bien que vous l'auriez deviné.

Deuxièmement, Tormato est né sous de nombreux désaccords qui a clairement déteins sur le contenu musical (bien sûr, ce n'est pas le cas partout. Le "Gazeuse!" de Gong était d'une réussite et d'une complémentarité hallucinante, ce qui n'empêchait pas Francis Moze et Pierre Moerlen de s'engueuler à chaque répétition et d'être en totale disgrâce, mais je m'égare). Et comme l'indique le contenu du livret de la version remasterisée, c'est la première fois dans la discographie de Yes que Steve Howe et Rick Wakeman ne s'entendaient pas sur la façon de combiner leurs mélodies respectives. Qui fait que les deux s'égarent sans vraiment se quitter, comme s'ils tournaient introspectivement vers un but qui n'existe pas en se cherchant mutuellement.

Sur Tormato, je n'ai jamais su si c'était les morceaux ou la production qui étaient mauvais(e). D'un côté, ça pourrait très bien être les deux (et de plus, ça m'arrangerait dans ma rédaction). Et pourtant, Yes fait toujours du Rock-Progressif dans sa formule la plus pompeuse et la plus caricaturale, il n'y a de doutes là-dessus. Mais dieu que c'est maladroit! Ce n'est pas incohérent non plus mais la qualité des compositions n'est plus là, comme si ils ne croyaient plus à ce qu'ils faisaient et qu'ils apercevaient au bout de l'horizon la fin future du genre musical qui les amenés sur le devant de la scène. De plus, la production est fade et la sensation d'être "enfermé" domine largement, le son en est écrasé, compressé. Ce qui est paradoxal quand on sait que leur musique se fait fluviale et aérée, où la liberté ne possède ni frontières, ni limites, et cela casse indéniablement l'œuvre. (C'est assez amusant à noter, mais je compare souvent cet album au No Prayer For The Dying d'Iron Maiden, car leurs défauts respectifs sont intimement liés). Comme le montre les premières notes de "Future Times / Rejoice", on sait d'ores et déjà que cet album sera bancal et où l'on ne trouvera pas la magie d'un Going For The One. Et fort étrangement, les morceaux qui me plaisent le plus sur Tormato sont les plus simplistes, les plus directs et les moins grandiloquents. Les pulsations catchy de Don't Kill The Whale ou de Release, Release arrivent à me faire headbanguer, contrairement aux sirupeux 'Onward' et 'On The Silent Wings Of Freedom' qui tentent avec un acharnement fataliste de concurrencer ses âinés. Yes est en train de comprendre que le temps des "Epic-Songs" majestueux est malheureusement révolu, et que ce n'est plus ce qu'attends leur public.

Troisièmement ... Non, il n'y a pas de troisièmement, j'ai involontairement abordé tous les points cruciaux dans les deux derniers paragraphes. Mais je ne vais pas juger le niveau de nos 5 musiciens, car la production déséquilibrée, juger leur jeu respectif aurait assez peu d'intérêt. J'en arrive à la conclusion suivante:

Dans cet album, Yes est perdu et ne sait pas trop où il va. Continuer à faire du Rock-Progressif dans sa forme la plus détestable où s'adapter aux nouvelles tendances musicales quitte à se trahir soi-même? Quoiqu'il en soit, cette sortie aura eu des séquelles sur le groupe, Rick Wakeman et Jon Anderson le quitteront à la fin de la tournée suivant la sortie de l'album. Le premier ne réintègrera le groupe officiellement qu'en 1991 alors que l'autre s'éclipsera le temps d'un album sans sa collaboration, Drama (1980) qui lui sera étrangement excellent.

Note: 10/20

Yes entame une tournée européenne!

16 juillet 2009

Je voulais caler un titre original et attractif, mais j'ai préféré rester sobre, surtout quand on diffuse ce genre d'informations.

Oui, Yes entame une tournée européenne! Et la première pensée qui me vient à l'esprit est: enfin! Cela faisait quelques mois que Chris Squire et ses acolytes arpentaient les scènes nord-américaines pour un Yes s'étant justement et malheureusement trop américanisé à mon goût, comme le montre les nombreuses interviews et émissions consacrées à ces derniers (notamment la pathétique version de 'Owner Of A Lonely Heart' sur Fox News. Y'a pas à dire mais pour cultiver l'image du groupe, ils auraient pu trouver mieux ...). Cela étant, Yes renoue enfin avec l'europe (et ce qui n'est pas près d'être le cas pour King Crimson, mais là n'est pas le problème) avec pas moins de 3 dates françaises et une date belge. Je vous les affiche:


Novembre 2009:

10 Novembre: Antwerp, Belgium - Elisabeth Hall*
11 Novembre: Paris, France - Olympia*
12 Novembre: Nantes, France - Cite des Congres*
14 Novembre: Holland, NL - Waerdse Tempel
16 Novembre: Birmingham, UK - Symphony Hall
17 Novembre: London, UK - Hammersmith Apollo
19 Novembre: Edinburgh, UK - Usher Hall
20 Novembre: Newcastle, UK - City Hall
22 Novembre: Manchester, UK - Apollo
23 Novembre: Bristol, UK - Colston Hall
29 Novembre: Rouen, France - Zenith*

source: http://yesworld.com/ywtour_euro.html




(de gauche à droite, Steve Howe - Chris Squire - Alan White au Experience Music Project in Seattle, Juin 2009)


Mais il ne faut pas oublier que la formation qui sera présente à cette tournée sera la même que celle de ces derniers mois, c'est à dire sans Jon Anderson, ni Rick Wakeman. (Benoît David - Chris Squire - Steve Howe - Oliver Wakeman - Alan White). Et je dois vous avouer que sans la présence du leader à la voix perchée et à l'allure méditative, le rendu global sera indiscutablement moins poignant et attractif. Ceci dis, j'irai quoiqu'il arrive malgré le prix exorbitant des places (62,00€ à 84,00€!!) En espérant que le prix vaudra le contenu. Mais il y a quelque chose qui me déplaît dans l'évolution de ce groupe, une sorte de recyclage du prog dont on peut douter quand à sa crédibilité. Indiscutablement, le trio de force vieillit, mais mon dieu qu'ils vieillissent mal! Et est-ce vraiment nécessaire, à 60 ans passé, d'arborer toujours les mêmes fringues de Superman et divers pantalons moule-burnes que même Iron Maiden dans les années 1980 n'auraient oser porter? On les croirait sortis tout droit d'un show républicain de Las Vegas! Yes n'a jamais été réputé pour sa sobriété scénique, mais là, c'est grotesque!

Et ce visage détestable que je suis en train de vous narrer correspond à ce qui me répugne le plus dans l'évolution de ce groupe, Yes est devenu américain avec tous les plus gros clichés qui l'entoure. Ils sont l'incarnation pathétique même de la définition de ce que l'on fait du rêve américain. Ça en dégouline de paillettes, et ça en colle encore aux dents. C'est la première chose qui me vient à l'esprit quand je vois la teinture blonde et le ton rougeâtre de Chris Squire, qui en plus est devenu gros, ce qui accentue son mauvais goût. Dans les années 1970, leurs délires ésotériques dégageaient une lueur d'une pureté indescriptible et indéfinissablement belle qui justifiaient leurs accoutrements douteux, éclipsée par la magnificence incontestable de ces polyphonies instrumentales ruisselant de couleurs pleines. Même si le décor reste toujours dans une atmosphère proche, actuellement, vu le contexte et les allures rongées des principaux protagonistes, on ne peut s'empêcher d'être sceptique.

Ceci dis, j'y serai. Même si le fait de voir Yes sans Jon Anderson ne peut me faire considérer cette incarnation comme le véritable Yes (D'ailleurs, je reste également sceptique quant à son "problème de gorge décelé il y a quelques mois l'empêchant d'effectuer la tournée" étant donné qu'il vient d'entamer une tournée solo il y a peut ...), il sera fort probable que j'ai mon cul posé sur un des sièges douillets de l'Olympia en espérant planer sur un hypothétique 'Ritual' poignant et rallongé ...

Atheist va sortir un nouvel album!

10 juillet 2009

Kelly Schaeffer, vocaliste du groupe de Metal Technique Atheist était pourtant clair à ce sujet lors de leur tournée de réunion en 2006, "Atheist est bel et bien terminé, mais nous sortirons un DVD pour la série de festivals que nous avons fait", sauf qu'à l'heure actuelle ce n'est plus le cas! Non seulement, il n'y a toujours pas de DVD en préparation mais Atheist va sortir un nouvel album vers la fin de l'année 2009 (peut-être 2010) 16 ans après leur dernière présence discographique, Elements, sorti en 1993.

Je dois vous avouer que cette nouvelle m'enchante. Je n'avais pu aller les voir lors de leur passage au Hellfest en 2007 et étais fortement attristé en apprenant la dissolution du groupe suite à cette tournée, et je me disais que je ne pourrais peut-être jamais les voir. Non seulement, ils vont sortir un nouvel album (dont nous ne connaissons ni le titre, ni le contenu, excepté qu'il contiendra une reprise de Rush, "YYZ") mais ils vont bien evidemment tourner. Le line-up a légèrement changé depuis leur dernière tournée de festivals de 2007. Le guitariste Sonny Carson laisse sa place à Jonathan Thompson qui m'est totalement inconnu me concernant.

Mais c'est un véritable retour de force que nous font les groupes issus de ce mouvement! Il y a 2 ans, ce fût Cynic et son Death-Prog-Fusion fluvial qui faisait son retour avec son 'Traced In Air' 15 ans après le premier, cette année, ce fût les néerlandais de Pestilence et leur très caricatral "Ressurection Macabre" (avec Tony Choy d'Atheist à la basse justement) et c'est maintenant Atheist et son Death-Technique hargneux qui retrouve le devant de la scène ... Il nous manquerait plus que Spiral Architect se reforme et que Chuck Schuldiner ressorte de terre pour reformer Death!




(Air, lors de la tournée Elements de 1993)


Ceci dis, je m'emballe, mais je dois vous avouer que j'écoute assez peu de groupes issus de ces genres en ce moment. J'apprécie plus le côté mélodique et envoutant de leur musique que l'inévitable ruées de riffs foudroyants ininterrompus. C'est pour cette raison que je serais plus enthousiaste à l'idée d'écouter le "Elements" plutôt que le "Unquestionnable Presence" même si ce dernier propose une couleur plus épurée et moins prévisible. Malgré ceci, je suivrais la progression d'officialisation de cet album avec beaucoup d'intérêt!

Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings

6 juillet 2009

Artiste: Dream Theater
Album: Black Clouds & Silver Linings
Année de sortie: 2009
Durée: 75:25





Tracklist:

1. A Nightmare To Remember (16:10)
2. A Rite Of Passage (8:35)
3. Wither (5:25)
4. The Shattered Fortress (12:49)

- X. Restraint
- XI. Receive
- XII. Responsible

5. The Best Of Times (13:07)
6. The Count Of Tuscany (19:16)


Line-Up:

James LaBrie: Chant
John Petrucci: Guitares & Chant
Jordan Rudess: Claviers & Continuum Fingerboard
John Myung: Basse
Mike Portnoy: Batterie, Percussions & Chant


Chronique:

Le 23 Juin dernier, le nouveau Dream Theater est sorti. Depuis son annonce fin mars, je ne pouvais qu'être satisfait de sa sortie définitive tant l'attente qui en découlait était importante. Sauf qu'à force de me farcir d'informations et de spéculations sur ces 3 derniers mois, une indigestion précoce s'empara de moi quelques semaines précédent sa sortie, qui était peut-être un signe révélateur du contenu de cette galette ... Mais parlons un peu concret!

Dream Theater, j'ai été un grand fan pendant des années depuis la découverte du Train Of Thought fin 2003 alors que ma connaissance Metallistique ne se constituait presque exclusivement que de Metallica ou d'Iron Maiden. Et si je dis que j'ai été fan, c'est que je ne le suis plus, malgré le fait que je sois allé les voir 4 fois (mais ce n'est pas le fait de les avoir vu 4 fois qui a provoqué cela). C'est le groupe qui m'a en quelque sorte ouvert les yeux et l'esprit musicalement, et ce qui fait que je n'en suis plus fan maintenant est ce 'synthétisme' et ce côté trop factice qui découle de leur musique, comme s'ils voulaient trop prévoir leur musique en délaissant le côté "imprévisible" qui en fait le charme. C'est surtout du au fait que leur musique a perdu énormément d'impact sur les 3 derniers albums, celui-ci compris.

Black Clouds & Silver Linings ne propose rien de vraiment nouveau. Si l'on excepte les nappes de claviers que Jordan qualifia grossièrement de "gothiques" dans une interview (et qui avait provoqué en moi une certaine crainte ...), et les parties plus aérées de la fin de 'The Count Of Tuscany', il n'y a pas d'innovation. Car pour moi à travers ces interventions pompeuses, ils ont tenté de créer une ambiance bien spécifique, mais le fait de se dire ça conduit indiscutablement à l'échec car le rendu est bien trop aseptisé pour qu'il puisse être crédible. Cela fait "là, on va rajouter des nappes de claviers symphoniques pour changer un peu et pour accentuer ce côté Heavy tu vois". Car comme sur le Systematic Chaos, il n'y a pas d'atmosphère notable, et ce n'est pas les orchestrations grandiloquentes du premier titre qui suffira à en créer une! Il n'y a pas cette petite touche de folie imprévisible tantôt colorée, tantôt chaleureuse, c'est un album incroyablement neutre! (Certains détracteurs répondront simplement que c'est juste un album de Dream Theater ... Mais là dessus, je ne suis pas d'accord)

Malgré la musique prévisible qu'est devenue celle de Dream Theater, la technique n'est absolument point atténuée, mais juste très mal exploitée. Ils se veulent "techniques" mais sans l'être dans le bon sens du terme, ils déballent leur arsenal en manquant cruellement de folie, alors qu'ils pourraient faire des miracles. Dream Theater a arrêté de faire du Prog comme moi je l'entends, Dream Theater fait de la caricature du Prog et s'auto-caricaturent par la même occasion. Ils se veulent également plus "metal" mais ils n'ont jamais été réellement crédibles à mes yeux dans cette approche, ils tanguent tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre, ne trouvant pas de stabilité. Comme le montre le morceau d'ouverture 'A Nightmare To Remember', il y a des gros riffs, du blast beat, du chant plus sombre mais cela reste incroyablement mou, ce qui est assez paradoxale vu l'approche. Mais le principal problème de Dream Theater, c'est qu'ils manient bien trop mal leurs influences et qu'ils ne cessent de se faire embringuer par les nouvelles tendances musicales! Avec Octavarium, les sonorités propres à Muse étaient indiscutables, sur Train Of Thought, celles empruntées à Metallica ou à Pantera l'étaient également, et là on ne peut s'empêcher de penser à Opeth avec qui ils ont tournés lors de la dernière "Progressive Nation" ou encore plus flagrant avec du Rush sur la partie principale de 'The Count Of Tuscany'. Mais tout cela en moins bien, trop artificiel pour être fiable. Dream Theater devrait arrêter de fonctionner en fonction de ces paramètres, Dream Theater devrait penser un peu par lui-même!

Cette absence de folie, on la doit surtout à l'emprise qu'a Portnoy et Petrucci sur le plan conceptuel et musical. Les deux têtes pensantes du groupe sont pour moi la régression même du son de Dream Theater (et peut-être le lavage de crâne de leur maison de disque actuelle, Roadrunner, qui sait ...), ce sont pour moi à l'heure actuelle les "deux" points faibles qui font que la musique de DT a perdu sa fougue créatrice. Ou peut-être du à la faute des 3 autres ne s'impliquant pas assez, c'est également une possibilité. Car dans Black Clouds & Silver Linings, la basse de Myung n'a jamais été aussi en retrait, moi qui me plaignait du peu d'impact qu'elle avait dans Systematic Chaos, j'étais loin d'imaginer qu'il ne se contenterait juste de suivre docilement les parties de guitares sur celui-là, ne laissant apercevoir qu'un petit brin de folie sur la fin de 'The Count Of Tuscany'. Son jeu est devenu extrêmement minimaliste! Et en dehors de ça, je n'aime pas le son que John Myung produit, il est gras, rugueux, pâteux et sans identité. On est loin de la clarté de ses lignes du Awake! Et si je dis que Portnoy et Petrucci sont les points faibles actuels du groupe (et malgré l'absurdité de ses propos selon certains), c'est que pour moi, ce sont eux qui sont responsables de l'absence de vie à travers leur musique. Je ne reviendrais pas sur leur jeu car il correspond plus ou moins à tout ce que j'ai écrit dans cette chronique jusqu'à présent. Jordan Rudess propose de nouveaux sons, notamment une approche très psychédélique sur son solo sur 'A Rite Of Passage' mais un des points positifs le concernant est qu'il ne fait presque aucun rajout et se contente souvent d'épauler ses collègues avec de solides accords volontairement dénués de technique. James LaBrie se contente de caler ses lignes de chant avec de léger changement d'intonations sur certains passages. Mais le LaBrie se fait vieux et il n'arrive même plus à être efficace en studio, ce qui peut entrevoir de sacrés craintes pour la tournée à venir, on est loin de sa fantastique performance pure et aérée du Systematic Chaos.

Mais le fait que l'on ai affaire à de la complexité déguisée réside dans le fait que les parties instrumentales sont trop brèves et peu exploitées, loin de la façon dont ils les exploitaient à l'époque de Images & Words ou du Awake. Elles ne trouvent pas de transitions à celles-ci, et elles s'effacent petit à petit, ce qui créer tout de même un goût de facilité propre à la tournure que prend le groupe, même Systematic Chaos avait des parties instrumentales mieux soignées! Et quand j'aligne ce genre de propos, je ne peux m'empêcher de penser à la fin de la saga des "AA", 'The Shattered Fortress'. Les 4 morceaux précédent celui-là dont le premier (The Glass Prison) se trouvait sur l'album "Six Degrees Of Inner Turbulence" possédaient un rythme et une certaine cohérence alors que sur le morceau qui boucle l'histoire, c'est du pur copier-coller! Certes, on savait inévitablement que l'on se retrouverait avec des passages similaires aux morceaux précédents, mais j'étais loin d'imaginer qu'ils allaient être aussi explicites! Ça ne lui apporte ni d'identité, ni d'atmosphère mais surtout (et avant tout) de la frustration! Car quand on sait que cette "suite" s'est voulue si complexe, on sent tout de même un terrible goût d'inachevé!

Sur les autres morceaux de cet album, il y a du bon et du très mauvais, mais pas du très bon, nuance. A Nightmare To Remember, comme je l'avais indiqué plus haut est un solide bloc tantôt symphonique, tantôt agressif, mais stéréotype du morceau Metal-Progressif avec ses différentes structures et son refrain taillé pour faire frémir les néophytes en la matière. Ceci dis, j'aime le boost symphonique que Rudess apporte avec ses sons de cathédrale, mais assez maladroitement placés, car le morceau traite d'un accident que John Petrucci a eu quand il était petit, et où le rapport 'gothique' est assez mince au vu des paroles. Mais cette remarque me fait également penser à leur façon de créer leurs morceaux, notamment au niveau des paroles. Ils créent avant tout la musique et ajoutent les paroles sur une musique déjà crée ... Mais ce n'est pas un peu trahir le travail conceptuel de fonctionner de cette façon? Ne vaut-il mieux pas créer la musique sous une idée ou un concept particulier et non le contraire? Car la musique n'aurait donc pas réellement de lien concret avec les paroles, qui fait qu'ils pourraient mettre n'importe quel type de paroles, ou n'importe quel type d'histoire sur des centaines d'instrumentales différentes, ça en décrédibilise le contenu ... Surtout pour des perfectionnistes comme Dream Theater!

A Rite Of Passage est le morceau de remplissage dans l'unique but de créer un single. Le refrain est facile et efficace, on arrive à repérer quelques plagiats de Megadeth et d'auto-plagiat de 'Home' dans le riff principal, mais ce qui gêne le plus sont les transitions quasi-inexistantes ou maladroites, notamment la partie instrumentale qui rejoint de façon bien trop anarchique le refrain. C'est là histoire de dire "Bon, on boucle le morceau de cette façon, on va pas s'emmerder, ça fera tout de même un bon single!" Et je n'apprécie pas cette approche, c'est trahir la musique pour le succès et l'argent facile, et cela brise la ligne logique de l'album, sur le plan artistique. En parlant de succès facile, c'est on ne peut plus explicite avec l'innommable et l'immonde Wither et cet espèce de pseudo-ballade mélancolique d'un mauvais goût encore jamais inégalé par les américains. On a l'impression d'aller faire ses courses au supermarché ... Sur Wither, c'en est trop, ça en dégouline. C'est beaucoup trop naïf! Pourtant, j'ai beaucoup aimé le côté très mélancolique de Vacant ou la sobriété mélodique d'un Anna Lee ... Mais là, il n'y a ni l'un ni l'autre. The Best Of Times correspond quand à lui à l'assouplissement de la musique de Dream Theater. L'introduction n'est pas spécialement désagréable, même apaisante où Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra) est venu caler une brève mais intense partie de violon. Là où ça se corse, c'est quand vient la rythmique et ces suites d'accords innocents qui me font inévitablement penser à des groupes des années 1980 kitshissimes au possible. Mais malgré ces brèves interludes hautement dispensables, le morceau n'est pas désagréable pour autant, il a juste l'inconvénient d'être un peu trop long. Le final n'est pas sans rappeler celui de 'The Ministry Of Lost Souls'.

Mais le gros de l'album est 'The Count Of Tuscany'. Et ne me dites pas qu'un morceau long est systématiquement synonyme de qualité, je n'avais pas aimé 'In The Presence Of Enemies', mais concernant 'le comte de Toscane', cette règle bancale s'applique. C'est un "Epic-Song"dans toute sa magnificence, malgré les structures métriques un peu trop explicitement empruntées à Rush, c'est une belle œuvre de Rock-Progressif. Notez la nuance. C'est une sorte de Learning To Live rallongé mais en l'ayant volontairement élaguer de ses multiples parties changeantes, de sorte que l'on trouve une linéarité jouissive. S'il y a vraiment un morceaux qui possède une âme sur cet album, c'est celui-là.

Conclusion: Cet album est une déception, mais personnellement, ça ne m'étonne qu'à moitié. Dream Theater stagne - si ce n'est pour dire régressé - et ne propose plus rien. Comme s'ils refusaient même d'innover, comme si cela ne faisait plus parti de leur façon de voir la musique. Dream Theater est devenu un stéréotype de la scène Progressive, et c'est cela qui m'irrite car ce n'est pas ce que je recherche.

Note: 11/20