Tangerine Dream - Phaedra

25 juillet 2009

Artiste: Tangerine Dream
Album: Phaedra
Année de sortie: 1974
Durée: 37:34





Tracklist:

1. Phaedra (16:43)
2. Mysterious Semblance At The Strand Of Nightmares (10:35)
3. Movements Of A Visionnary (7:55)
4. Sequent 'C' (2:17)


Line-Up:

Edgar Froese: Mellotron, Guitare Basse, Synthétiseur VCS3 & Orgue
Chris Franke: Synthétiseur Moog, Claviers & Synthétiseur VCS3
Peter Baumann: Orgue, Piano Electrique, Synthétiseur VCS3 & Flûte


Chronique:

Avec Phaedra, nous sommes à l'aube de la réponse universelle du symbolisme global de toutes nos questions existentielles, comme si nous attendions avec une patience inhumaine la sentence verbale des choses dont nous avons passé une majeure partie de notre vie à supposer, et qui ont suscité en nous une peur inexpliquée, formulée par un gourou fluide et javellisé cerclé de machines du savoir et de la raison, le tout d'un ton trop solennel pour qu'on puisse y croire, laissant les récolteurs d'authenticité hiératiques.

Quand on écoute Phaedra, nous sommes dans le monde de l'après-savoir, le savoir ultime et la connaissance sacrée, le monde ultérieur et élitiste. Car ce savoir relègue à un rang inévitablement grotesque les choses qui ont suscité une indéfinissable curiosité jusqu'à cette inconcevable révélation. Nous nous laissons bercer et savourons le fruit passé de notre existence. Les machines tournoient et s'octroient la couleur de la vie, se convoquent, délibèrent le tout dans une harmonie intrinsèque incroyablement froide mais sereine. Elles nous charcutent avec douceur et volupté, et ont été le but de notre voyage ... Et si nous avons réponse à tous nos doutes et maux qui ont alternés de façon désagréable notre existence, que nous reste-t-il si ce n'est profiter de ce plaisir malin et inintelligible?

Car malgré cette hypnose envoûtante se cache un sadisme profond et malsain, celui d'avoir l'intime conviction que nous serons seuls et graves pour l'éternité. Une solitude qui se caresse dans le sens du poil, une quiétude d'un presque silence cauchemardesque. Le soupir d'une désolation d'un charme non destructeur mais juste effroyablement austère. Cette sensation d'auto-mutilation de l'esprit pour en découvrir des tréfonds où même Dieu lui-même n'auraient pu soupçonner son existence, mais d'où l'on sort non sans dommages des trésors qui pourront nous illuminer avec un enthousiasme atroce pour le reste de l'éternité. C'est l'album qu'aurait du emporter Mr Benis dans sa poche lorsque ce dernier cassa malencontreusement ses lunettes dans le tristement célèbre épisode phare de la "4ème Dimension" ...

Note: 17,5/20

Yes - Drama

22 juillet 2009

Artiste: Yes
Album: Drama
Année de sortie: 1980
Durée: 36:55 (+79:16)*





Tracklist:

1. Machine Messiah (10:27)
2. White Car (1:21)
3. Does It Really Happen? (6:35)
4. Into The Lens (8:33)
5. Run Through The Light (4:43)
6. Tempus Fugit (5:15)


Line-Up:

Trevor Horn: Chant & Guitare Basse sur "Run Through The Light"
Chris Squire: Guitare Basse, Chant & Piano sur "Run Through The Light"
Steve Howe: Guitares & Chant
Geoff Downes: Claviers & Vocoder
Alan White: Batterie, Percussions & Chant

*version remasterisée avec titres bonus


Chronique:

Après l'indiscutable échec de Tormato, Yes a trouvé bon de changer sa formule. Exit donc, Rick Wakeman et Jon Anderson, déstabilisés par la tournure musicale aseptisée involontairement adoptée par le groupe, comme s'ils sentaient qu'il fallait à tout prix mettre un terme avant qu'ils foncent inévitablement dans le mur. (Ceci dis, cet argument était clairement justifiable quand on voit ce qu'à donné les premières sessions de Drama, quand ces deux derniers étaient encore dans le groupe), Chris Squire, Steve Howe et Alan White se retrouvèrent à poil de leur gourou cabalistique et de leur déambulateur de paluches costumé (mais contrairement à Anderson, Yes n'avait eu aucune difficulté à remplacer Wakeman. Sans Patrick Moraz, la touche jazzy et chaleureuse de Relayer n'aurait jamais pu jaillir), clairement démoralisés par cet évènement inattendu, ils décidèrent malgré tout de ne pas dissoudre le groupe, même s'ils savaient qu'au fond, l'échéance arriverait tôt ou tard devant les mouvements musicaux en extrême mutation à l'aube de cette décennie des années 1980 qui s'est vu manifester une régression évidente de la musique Rock.

Les trois membres restants décidèrent de frapper un grand coup (et dans le même temps, prendre un sacré risque) : recruter les deux membres des Buggles, Trevor Horn et Geoff Downes! Deux inconditionnels de la pop léchée et limite parodique ayant un lien très pauvre (voire inexistant) avec la musique de Yes jusqu'à maintenant. Du pain-béni pour les détracteurs de la formation qui se réjouissaient de pouvoir les descendre avec un certain sadisme éloquent avant même que ce nouveau line-up ait pu travailler son nouveau disque. Mais entre nous, ceci était clairement légitime vu la sale publicité que Yes se mangeait depuis Going For The One. Et cette alliance imprévisible pouvait laisser sceptique.

Tout était réuni pour un échec d'une dimension astrale où toutes les revues musicales de l'époque pourraient s'adonner à cœur joie à une lapidation collective. Sauf qu'il n'en est rien, Drama est un coup de bluff hallucinant, cet album - vu son contexte - est inexplicablement excellent, ce qui ne l'a tout de même pas empêché d'être copieusement descendu, mais là n'est pas le problème, il l'aurait été quoiqu'il arrive. Mais la question à tendance quasi philosophique que se pose n'importe quel fan de Yes ayant un faible pour cet album est, "Pourquoi cet album est bon?" Tout comme Tormato, il y a plusieurs théories: la réponse la plus élémentaire serait d'affirmer que ce n'est pas un album de Yes, mais un album de Yes ET des Buggles, ce que je réfute. Drama est un authentique album de Yes, mais un Yes s'étant étrangement adapté à son époque musicale indécise. Trevor Horn et Geoff Downes ont apporté un coup de fraîcheur inattendu et un coup de boost phénoménal au groupe, signant d'une caractéristique clairement pop mais tout en prenant soin de ne pas dénaturaliser la musique épurée de nos britanniques à costumes, ce qui fait un album, paradoxalement, extrêmement progressif.

Si Drama est bon, c'est qu'ils ont maniés ces deux mouvements sans tomber dans le cliché, et il est évident que quand on passe de Tormato à celui-là, Wakeman et Anderson apparaissaient clairement comme les principaux instigateurs de la régression du son de Yes. Car ici, Geoff Downes exploite bien mieux les nouvelles technologies électroniques contrairement à Wakeman et son ignoble Birotron. Downes est également beaucoup plus sobre! Terminées, les grandiloquences pompeuses! Trevor Horn, quant à lui, apporte peu par rapport à son prédécesseur, sa voix est certes banale, mais laisse entrevoir toute sa profondeur quand il est soutenu par les lignes vocales de Chris Squire. On pourra lui reprocher quelques limites dans les aigus, là où Anderson était quant à lui clairement à ses aises.

L'album est également bien mieux produit que Tormato (le retour de Eddie Offord aux commandes n'y est pas pour rien), et ce qui fait qu'on le place comme un ovni musical est le fait qu'il ai une approche très Prog tout en ayant un son très kitsch, mais pour une fois, qui ne sera pas connoté péjorativement, ce qui dans un sens me paraît absurde. Cet album était la représentation même que le Prog pouvait avoir sa place dans les années futures, mais ça, personne n'y croyait, ou personne ne voulait le croire. Chaque morceau est inévitablement beaucoup plus Rock que les précédents albums. Chaque morceau est un potentiel petit concentré de dynamite, indépendants les uns des autres, créant des tubes en puissance sans en être vraiment. Machine Messiah propose une rythmique violente digne d'un groupe de Heavy-Metal découpés en plusieurs parties où les notes valsent astucieusement sur un nid à sensations, l'étrange interlude symphonique qu'est White Car laisse place au pulsif Does It Really Happen? à la ligne de basse démentielle et aux orchestrations utopistes laissant entrevoir les fantaisies musicales de l'univers d'un Crash Bandicoot, talonné par un Into The Lens jouissivement déstructuré au refrain imprévisible et dévastateur, comme se trouvant dans une barque, perdu au milieu d'un lac. Ce morceau est la représentation même de ce nouveau Yes, toujours fugace, toujours subtil, mais de plus en plus indicible et surtout d'une beauté hallucinante. Comme si ils avaient mis tout ce qui leur restaient de leur inspiration, celle qui vient des tripes, et qu'elle s'écoule jusqu'à la lie, quitte à se faire gerber*, contrairement au pâlichon Run Through The Light qui n'aura pour intérêt que de remarquer l'aisance notable qu'à Trevor Horn avec une 4 Cordes. Tempus Fugit clos cette nouvelle démarche créatrice (mais trop courte!) avec un puissant Rock fruité d'une virtuosité furtive mais un poil répétitive, comme s'ils avaient trop exploités le riff initial.

*(remarque: la première version de ce morceau s'intitulait 'I Am A Camera' est était initialement sortie par Downes et Horn quand ils étaient encore chez les Buggles)

Conclusion: Drama est en quelque sorte là pour retarder l'échéance fatidique et inévitable, réservée à tous les groupes de Prog en ce tout début de décennie. C'est d'ailleurs assez étonnant que Yes ai tenu tête aussi longtemps dans ce domaine; c'est un hommage et un épilogue honorable qu'il est bon de se le rappeler, et aucun autre album similaire à celui-là ne sera produit tant le contexte de sa réalisation était spécial. Trevor Horn ne se sentant pas à l'aise dans ce rôle si délicat et en conflit avec son ancien compère Downes, quittera le navire. Ce dernier quant à lui, ira former "Asia" avec Steve Howe, John Wetton & Carl Palmer. Le groupe sera officiellement dissous en 1981.

Note: 16,5/20

Yes - Tormato

18 juillet 2009

Artiste: Yes
Album: Tormato
Année de sortie: 1978
Durée: 41:35 (+79:50)*





Tracklist:

1. Future Times / Rejoice (6:46)
2. Don't Kill The Whale (3:56)
3. Madrigal (2:25)
4. Release, Release (5:44)
5. Arriving UFO (6:07)
6. Circus Of Heaven (4:31)
7. Onward (4:05)
8. On The Silent Wings Of Freedom (7:47)


Line-Up:

Jon Anderson: Chant, Guitare Alvarez 10 Cordes & Percussions
Chris Squire: Guitare Basse, Pédales Basse, Piano sur "Don't Kill The Whale" & Chant
Steve Howe: Guitares électriques et acoustiques, Mandoline & Chant
Rick Wakeman: Piano, Orgue, Moog, Synthétiseurs & Birotron
Alan White: Batterie, Percussions & Chant

*Version resmaterisée avec titres bonus.


Chronique:

Tormato est le 9ème album de Yes, et c'est la première déception notable du quintet qui sera malheureusement croissante avec le temps. C'est indiscutable - et malgré les arguments plus ou moins fiables de ses ardents défenseurs - cet album n'est pas bon. Mais pourquoi n'est-il pas bon? Les hypothèses fourmilles et je ne sais par laquelle commencer.

Premièrement, il y a la date. Tous les hypothétiques fans de Rock-Progressif que vous êtes qui lisent cette chronique n'auront pas de mal à approuver que c'est un des éléments étrangement fondamentaux de ce style musical aussi complexe qu'incohérent. Or, Tormato est sorti en 1978. Même si certaines formations du genre en étaient encore à pondre de belles œuvres, la plupart des cadors du mouvement étaient en flagrante perte créatrice, que ça soit ELP avec son caricatural Love Beach ou Gentle Giant et son innommable Giant For The Day. Sur Tormato, Yes est également en perte créatrice, qui pourtant n'était sorti qu'un an après le mystique et cristallin Going For The One dont je ne m'étais pas gêné pour le bourrer d'éloges. Pourquoi une descente aussi flagrante et instantanée? Et en cette fin de décennie fertile, le matériel - contrairement aux idées des principaux protagonistes - évoluait. Mais pas forcément dans le bon sens. Le plus grand défaut à cet album sont les sons utilisés par Rick Wakeman que l'on croirait tout droit tirés d'un synthé Yamaha pour gosse bon marché. Inutile de vous préciser que les sons qu'ils sortaient de son matériel nouveau était d'un kitsch nauséabond (mon dieu son solo sur 'On The Silent Wings Of Freedom' ...), mais ça, j'imagine bien que vous l'auriez deviné.

Deuxièmement, Tormato est né sous de nombreux désaccords qui a clairement déteins sur le contenu musical (bien sûr, ce n'est pas le cas partout. Le "Gazeuse!" de Gong était d'une réussite et d'une complémentarité hallucinante, ce qui n'empêchait pas Francis Moze et Pierre Moerlen de s'engueuler à chaque répétition et d'être en totale disgrâce, mais je m'égare). Et comme l'indique le contenu du livret de la version remasterisée, c'est la première fois dans la discographie de Yes que Steve Howe et Rick Wakeman ne s'entendaient pas sur la façon de combiner leurs mélodies respectives. Qui fait que les deux s'égarent sans vraiment se quitter, comme s'ils tournaient introspectivement vers un but qui n'existe pas en se cherchant mutuellement.

Sur Tormato, je n'ai jamais su si c'était les morceaux ou la production qui étaient mauvais(e). D'un côté, ça pourrait très bien être les deux (et de plus, ça m'arrangerait dans ma rédaction). Et pourtant, Yes fait toujours du Rock-Progressif dans sa formule la plus pompeuse et la plus caricaturale, il n'y a de doutes là-dessus. Mais dieu que c'est maladroit! Ce n'est pas incohérent non plus mais la qualité des compositions n'est plus là, comme si ils ne croyaient plus à ce qu'ils faisaient et qu'ils apercevaient au bout de l'horizon la fin future du genre musical qui les amenés sur le devant de la scène. De plus, la production est fade et la sensation d'être "enfermé" domine largement, le son en est écrasé, compressé. Ce qui est paradoxal quand on sait que leur musique se fait fluviale et aérée, où la liberté ne possède ni frontières, ni limites, et cela casse indéniablement l'œuvre. (C'est assez amusant à noter, mais je compare souvent cet album au No Prayer For The Dying d'Iron Maiden, car leurs défauts respectifs sont intimement liés). Comme le montre les premières notes de "Future Times / Rejoice", on sait d'ores et déjà que cet album sera bancal et où l'on ne trouvera pas la magie d'un Going For The One. Et fort étrangement, les morceaux qui me plaisent le plus sur Tormato sont les plus simplistes, les plus directs et les moins grandiloquents. Les pulsations catchy de Don't Kill The Whale ou de Release, Release arrivent à me faire headbanguer, contrairement aux sirupeux 'Onward' et 'On The Silent Wings Of Freedom' qui tentent avec un acharnement fataliste de concurrencer ses âinés. Yes est en train de comprendre que le temps des "Epic-Songs" majestueux est malheureusement révolu, et que ce n'est plus ce qu'attends leur public.

Troisièmement ... Non, il n'y a pas de troisièmement, j'ai involontairement abordé tous les points cruciaux dans les deux derniers paragraphes. Mais je ne vais pas juger le niveau de nos 5 musiciens, car la production déséquilibrée, juger leur jeu respectif aurait assez peu d'intérêt. J'en arrive à la conclusion suivante:

Dans cet album, Yes est perdu et ne sait pas trop où il va. Continuer à faire du Rock-Progressif dans sa forme la plus détestable où s'adapter aux nouvelles tendances musicales quitte à se trahir soi-même? Quoiqu'il en soit, cette sortie aura eu des séquelles sur le groupe, Rick Wakeman et Jon Anderson le quitteront à la fin de la tournée suivant la sortie de l'album. Le premier ne réintègrera le groupe officiellement qu'en 1991 alors que l'autre s'éclipsera le temps d'un album sans sa collaboration, Drama (1980) qui lui sera étrangement excellent.

Note: 10/20

Yes entame une tournée européenne!

16 juillet 2009

Je voulais caler un titre original et attractif, mais j'ai préféré rester sobre, surtout quand on diffuse ce genre d'informations.

Oui, Yes entame une tournée européenne! Et la première pensée qui me vient à l'esprit est: enfin! Cela faisait quelques mois que Chris Squire et ses acolytes arpentaient les scènes nord-américaines pour un Yes s'étant justement et malheureusement trop américanisé à mon goût, comme le montre les nombreuses interviews et émissions consacrées à ces derniers (notamment la pathétique version de 'Owner Of A Lonely Heart' sur Fox News. Y'a pas à dire mais pour cultiver l'image du groupe, ils auraient pu trouver mieux ...). Cela étant, Yes renoue enfin avec l'europe (et ce qui n'est pas près d'être le cas pour King Crimson, mais là n'est pas le problème) avec pas moins de 3 dates françaises et une date belge. Je vous les affiche:


Novembre 2009:

10 Novembre: Antwerp, Belgium - Elisabeth Hall*
11 Novembre: Paris, France - Olympia*
12 Novembre: Nantes, France - Cite des Congres*
14 Novembre: Holland, NL - Waerdse Tempel
16 Novembre: Birmingham, UK - Symphony Hall
17 Novembre: London, UK - Hammersmith Apollo
19 Novembre: Edinburgh, UK - Usher Hall
20 Novembre: Newcastle, UK - City Hall
22 Novembre: Manchester, UK - Apollo
23 Novembre: Bristol, UK - Colston Hall
29 Novembre: Rouen, France - Zenith*

source: http://yesworld.com/ywtour_euro.html




(de gauche à droite, Steve Howe - Chris Squire - Alan White au Experience Music Project in Seattle, Juin 2009)


Mais il ne faut pas oublier que la formation qui sera présente à cette tournée sera la même que celle de ces derniers mois, c'est à dire sans Jon Anderson, ni Rick Wakeman. (Benoît David - Chris Squire - Steve Howe - Oliver Wakeman - Alan White). Et je dois vous avouer que sans la présence du leader à la voix perchée et à l'allure méditative, le rendu global sera indiscutablement moins poignant et attractif. Ceci dis, j'irai quoiqu'il arrive malgré le prix exorbitant des places (62,00€ à 84,00€!!) En espérant que le prix vaudra le contenu. Mais il y a quelque chose qui me déplaît dans l'évolution de ce groupe, une sorte de recyclage du prog dont on peut douter quand à sa crédibilité. Indiscutablement, le trio de force vieillit, mais mon dieu qu'ils vieillissent mal! Et est-ce vraiment nécessaire, à 60 ans passé, d'arborer toujours les mêmes fringues de Superman et divers pantalons moule-burnes que même Iron Maiden dans les années 1980 n'auraient oser porter? On les croirait sortis tout droit d'un show républicain de Las Vegas! Yes n'a jamais été réputé pour sa sobriété scénique, mais là, c'est grotesque!

Et ce visage détestable que je suis en train de vous narrer correspond à ce qui me répugne le plus dans l'évolution de ce groupe, Yes est devenu américain avec tous les plus gros clichés qui l'entoure. Ils sont l'incarnation pathétique même de la définition de ce que l'on fait du rêve américain. Ça en dégouline de paillettes, et ça en colle encore aux dents. C'est la première chose qui me vient à l'esprit quand je vois la teinture blonde et le ton rougeâtre de Chris Squire, qui en plus est devenu gros, ce qui accentue son mauvais goût. Dans les années 1970, leurs délires ésotériques dégageaient une lueur d'une pureté indescriptible et indéfinissablement belle qui justifiaient leurs accoutrements douteux, éclipsée par la magnificence incontestable de ces polyphonies instrumentales ruisselant de couleurs pleines. Même si le décor reste toujours dans une atmosphère proche, actuellement, vu le contexte et les allures rongées des principaux protagonistes, on ne peut s'empêcher d'être sceptique.

Ceci dis, j'y serai. Même si le fait de voir Yes sans Jon Anderson ne peut me faire considérer cette incarnation comme le véritable Yes (D'ailleurs, je reste également sceptique quant à son "problème de gorge décelé il y a quelques mois l'empêchant d'effectuer la tournée" étant donné qu'il vient d'entamer une tournée solo il y a peut ...), il sera fort probable que j'ai mon cul posé sur un des sièges douillets de l'Olympia en espérant planer sur un hypothétique 'Ritual' poignant et rallongé ...

Atheist va sortir un nouvel album!

10 juillet 2009

Kelly Schaeffer, vocaliste du groupe de Metal Technique Atheist était pourtant clair à ce sujet lors de leur tournée de réunion en 2006, "Atheist est bel et bien terminé, mais nous sortirons un DVD pour la série de festivals que nous avons fait", sauf qu'à l'heure actuelle ce n'est plus le cas! Non seulement, il n'y a toujours pas de DVD en préparation mais Atheist va sortir un nouvel album vers la fin de l'année 2009 (peut-être 2010) 16 ans après leur dernière présence discographique, Elements, sorti en 1993.

Je dois vous avouer que cette nouvelle m'enchante. Je n'avais pu aller les voir lors de leur passage au Hellfest en 2007 et étais fortement attristé en apprenant la dissolution du groupe suite à cette tournée, et je me disais que je ne pourrais peut-être jamais les voir. Non seulement, ils vont sortir un nouvel album (dont nous ne connaissons ni le titre, ni le contenu, excepté qu'il contiendra une reprise de Rush, "YYZ") mais ils vont bien evidemment tourner. Le line-up a légèrement changé depuis leur dernière tournée de festivals de 2007. Le guitariste Sonny Carson laisse sa place à Jonathan Thompson qui m'est totalement inconnu me concernant.

Mais c'est un véritable retour de force que nous font les groupes issus de ce mouvement! Il y a 2 ans, ce fût Cynic et son Death-Prog-Fusion fluvial qui faisait son retour avec son 'Traced In Air' 15 ans après le premier, cette année, ce fût les néerlandais de Pestilence et leur très caricatral "Ressurection Macabre" (avec Tony Choy d'Atheist à la basse justement) et c'est maintenant Atheist et son Death-Technique hargneux qui retrouve le devant de la scène ... Il nous manquerait plus que Spiral Architect se reforme et que Chuck Schuldiner ressorte de terre pour reformer Death!




(Air, lors de la tournée Elements de 1993)


Ceci dis, je m'emballe, mais je dois vous avouer que j'écoute assez peu de groupes issus de ces genres en ce moment. J'apprécie plus le côté mélodique et envoutant de leur musique que l'inévitable ruées de riffs foudroyants ininterrompus. C'est pour cette raison que je serais plus enthousiaste à l'idée d'écouter le "Elements" plutôt que le "Unquestionnable Presence" même si ce dernier propose une couleur plus épurée et moins prévisible. Malgré ceci, je suivrais la progression d'officialisation de cet album avec beaucoup d'intérêt!

Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings

6 juillet 2009

Artiste: Dream Theater
Album: Black Clouds & Silver Linings
Année de sortie: 2009
Durée: 75:25





Tracklist:

1. A Nightmare To Remember (16:10)
2. A Rite Of Passage (8:35)
3. Wither (5:25)
4. The Shattered Fortress (12:49)

- X. Restraint
- XI. Receive
- XII. Responsible

5. The Best Of Times (13:07)
6. The Count Of Tuscany (19:16)


Line-Up:

James LaBrie: Chant
John Petrucci: Guitares & Chant
Jordan Rudess: Claviers & Continuum Fingerboard
John Myung: Basse
Mike Portnoy: Batterie, Percussions & Chant


Chronique:

Le 23 Juin dernier, le nouveau Dream Theater est sorti. Depuis son annonce fin mars, je ne pouvais qu'être satisfait de sa sortie définitive tant l'attente qui en découlait était importante. Sauf qu'à force de me farcir d'informations et de spéculations sur ces 3 derniers mois, une indigestion précoce s'empara de moi quelques semaines précédent sa sortie, qui était peut-être un signe révélateur du contenu de cette galette ... Mais parlons un peu concret!

Dream Theater, j'ai été un grand fan pendant des années depuis la découverte du Train Of Thought fin 2003 alors que ma connaissance Metallistique ne se constituait presque exclusivement que de Metallica ou d'Iron Maiden. Et si je dis que j'ai été fan, c'est que je ne le suis plus, malgré le fait que je sois allé les voir 4 fois (mais ce n'est pas le fait de les avoir vu 4 fois qui a provoqué cela). C'est le groupe qui m'a en quelque sorte ouvert les yeux et l'esprit musicalement, et ce qui fait que je n'en suis plus fan maintenant est ce 'synthétisme' et ce côté trop factice qui découle de leur musique, comme s'ils voulaient trop prévoir leur musique en délaissant le côté "imprévisible" qui en fait le charme. C'est surtout du au fait que leur musique a perdu énormément d'impact sur les 3 derniers albums, celui-ci compris.

Black Clouds & Silver Linings ne propose rien de vraiment nouveau. Si l'on excepte les nappes de claviers que Jordan qualifia grossièrement de "gothiques" dans une interview (et qui avait provoqué en moi une certaine crainte ...), et les parties plus aérées de la fin de 'The Count Of Tuscany', il n'y a pas d'innovation. Car pour moi à travers ces interventions pompeuses, ils ont tenté de créer une ambiance bien spécifique, mais le fait de se dire ça conduit indiscutablement à l'échec car le rendu est bien trop aseptisé pour qu'il puisse être crédible. Cela fait "là, on va rajouter des nappes de claviers symphoniques pour changer un peu et pour accentuer ce côté Heavy tu vois". Car comme sur le Systematic Chaos, il n'y a pas d'atmosphère notable, et ce n'est pas les orchestrations grandiloquentes du premier titre qui suffira à en créer une! Il n'y a pas cette petite touche de folie imprévisible tantôt colorée, tantôt chaleureuse, c'est un album incroyablement neutre! (Certains détracteurs répondront simplement que c'est juste un album de Dream Theater ... Mais là dessus, je ne suis pas d'accord)

Malgré la musique prévisible qu'est devenue celle de Dream Theater, la technique n'est absolument point atténuée, mais juste très mal exploitée. Ils se veulent "techniques" mais sans l'être dans le bon sens du terme, ils déballent leur arsenal en manquant cruellement de folie, alors qu'ils pourraient faire des miracles. Dream Theater a arrêté de faire du Prog comme moi je l'entends, Dream Theater fait de la caricature du Prog et s'auto-caricaturent par la même occasion. Ils se veulent également plus "metal" mais ils n'ont jamais été réellement crédibles à mes yeux dans cette approche, ils tanguent tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre, ne trouvant pas de stabilité. Comme le montre le morceau d'ouverture 'A Nightmare To Remember', il y a des gros riffs, du blast beat, du chant plus sombre mais cela reste incroyablement mou, ce qui est assez paradoxale vu l'approche. Mais le principal problème de Dream Theater, c'est qu'ils manient bien trop mal leurs influences et qu'ils ne cessent de se faire embringuer par les nouvelles tendances musicales! Avec Octavarium, les sonorités propres à Muse étaient indiscutables, sur Train Of Thought, celles empruntées à Metallica ou à Pantera l'étaient également, et là on ne peut s'empêcher de penser à Opeth avec qui ils ont tournés lors de la dernière "Progressive Nation" ou encore plus flagrant avec du Rush sur la partie principale de 'The Count Of Tuscany'. Mais tout cela en moins bien, trop artificiel pour être fiable. Dream Theater devrait arrêter de fonctionner en fonction de ces paramètres, Dream Theater devrait penser un peu par lui-même!

Cette absence de folie, on la doit surtout à l'emprise qu'a Portnoy et Petrucci sur le plan conceptuel et musical. Les deux têtes pensantes du groupe sont pour moi la régression même du son de Dream Theater (et peut-être le lavage de crâne de leur maison de disque actuelle, Roadrunner, qui sait ...), ce sont pour moi à l'heure actuelle les "deux" points faibles qui font que la musique de DT a perdu sa fougue créatrice. Ou peut-être du à la faute des 3 autres ne s'impliquant pas assez, c'est également une possibilité. Car dans Black Clouds & Silver Linings, la basse de Myung n'a jamais été aussi en retrait, moi qui me plaignait du peu d'impact qu'elle avait dans Systematic Chaos, j'étais loin d'imaginer qu'il ne se contenterait juste de suivre docilement les parties de guitares sur celui-là, ne laissant apercevoir qu'un petit brin de folie sur la fin de 'The Count Of Tuscany'. Son jeu est devenu extrêmement minimaliste! Et en dehors de ça, je n'aime pas le son que John Myung produit, il est gras, rugueux, pâteux et sans identité. On est loin de la clarté de ses lignes du Awake! Et si je dis que Portnoy et Petrucci sont les points faibles actuels du groupe (et malgré l'absurdité de ses propos selon certains), c'est que pour moi, ce sont eux qui sont responsables de l'absence de vie à travers leur musique. Je ne reviendrais pas sur leur jeu car il correspond plus ou moins à tout ce que j'ai écrit dans cette chronique jusqu'à présent. Jordan Rudess propose de nouveaux sons, notamment une approche très psychédélique sur son solo sur 'A Rite Of Passage' mais un des points positifs le concernant est qu'il ne fait presque aucun rajout et se contente souvent d'épauler ses collègues avec de solides accords volontairement dénués de technique. James LaBrie se contente de caler ses lignes de chant avec de léger changement d'intonations sur certains passages. Mais le LaBrie se fait vieux et il n'arrive même plus à être efficace en studio, ce qui peut entrevoir de sacrés craintes pour la tournée à venir, on est loin de sa fantastique performance pure et aérée du Systematic Chaos.

Mais le fait que l'on ai affaire à de la complexité déguisée réside dans le fait que les parties instrumentales sont trop brèves et peu exploitées, loin de la façon dont ils les exploitaient à l'époque de Images & Words ou du Awake. Elles ne trouvent pas de transitions à celles-ci, et elles s'effacent petit à petit, ce qui créer tout de même un goût de facilité propre à la tournure que prend le groupe, même Systematic Chaos avait des parties instrumentales mieux soignées! Et quand j'aligne ce genre de propos, je ne peux m'empêcher de penser à la fin de la saga des "AA", 'The Shattered Fortress'. Les 4 morceaux précédent celui-là dont le premier (The Glass Prison) se trouvait sur l'album "Six Degrees Of Inner Turbulence" possédaient un rythme et une certaine cohérence alors que sur le morceau qui boucle l'histoire, c'est du pur copier-coller! Certes, on savait inévitablement que l'on se retrouverait avec des passages similaires aux morceaux précédents, mais j'étais loin d'imaginer qu'ils allaient être aussi explicites! Ça ne lui apporte ni d'identité, ni d'atmosphère mais surtout (et avant tout) de la frustration! Car quand on sait que cette "suite" s'est voulue si complexe, on sent tout de même un terrible goût d'inachevé!

Sur les autres morceaux de cet album, il y a du bon et du très mauvais, mais pas du très bon, nuance. A Nightmare To Remember, comme je l'avais indiqué plus haut est un solide bloc tantôt symphonique, tantôt agressif, mais stéréotype du morceau Metal-Progressif avec ses différentes structures et son refrain taillé pour faire frémir les néophytes en la matière. Ceci dis, j'aime le boost symphonique que Rudess apporte avec ses sons de cathédrale, mais assez maladroitement placés, car le morceau traite d'un accident que John Petrucci a eu quand il était petit, et où le rapport 'gothique' est assez mince au vu des paroles. Mais cette remarque me fait également penser à leur façon de créer leurs morceaux, notamment au niveau des paroles. Ils créent avant tout la musique et ajoutent les paroles sur une musique déjà crée ... Mais ce n'est pas un peu trahir le travail conceptuel de fonctionner de cette façon? Ne vaut-il mieux pas créer la musique sous une idée ou un concept particulier et non le contraire? Car la musique n'aurait donc pas réellement de lien concret avec les paroles, qui fait qu'ils pourraient mettre n'importe quel type de paroles, ou n'importe quel type d'histoire sur des centaines d'instrumentales différentes, ça en décrédibilise le contenu ... Surtout pour des perfectionnistes comme Dream Theater!

A Rite Of Passage est le morceau de remplissage dans l'unique but de créer un single. Le refrain est facile et efficace, on arrive à repérer quelques plagiats de Megadeth et d'auto-plagiat de 'Home' dans le riff principal, mais ce qui gêne le plus sont les transitions quasi-inexistantes ou maladroites, notamment la partie instrumentale qui rejoint de façon bien trop anarchique le refrain. C'est là histoire de dire "Bon, on boucle le morceau de cette façon, on va pas s'emmerder, ça fera tout de même un bon single!" Et je n'apprécie pas cette approche, c'est trahir la musique pour le succès et l'argent facile, et cela brise la ligne logique de l'album, sur le plan artistique. En parlant de succès facile, c'est on ne peut plus explicite avec l'innommable et l'immonde Wither et cet espèce de pseudo-ballade mélancolique d'un mauvais goût encore jamais inégalé par les américains. On a l'impression d'aller faire ses courses au supermarché ... Sur Wither, c'en est trop, ça en dégouline. C'est beaucoup trop naïf! Pourtant, j'ai beaucoup aimé le côté très mélancolique de Vacant ou la sobriété mélodique d'un Anna Lee ... Mais là, il n'y a ni l'un ni l'autre. The Best Of Times correspond quand à lui à l'assouplissement de la musique de Dream Theater. L'introduction n'est pas spécialement désagréable, même apaisante où Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra) est venu caler une brève mais intense partie de violon. Là où ça se corse, c'est quand vient la rythmique et ces suites d'accords innocents qui me font inévitablement penser à des groupes des années 1980 kitshissimes au possible. Mais malgré ces brèves interludes hautement dispensables, le morceau n'est pas désagréable pour autant, il a juste l'inconvénient d'être un peu trop long. Le final n'est pas sans rappeler celui de 'The Ministry Of Lost Souls'.

Mais le gros de l'album est 'The Count Of Tuscany'. Et ne me dites pas qu'un morceau long est systématiquement synonyme de qualité, je n'avais pas aimé 'In The Presence Of Enemies', mais concernant 'le comte de Toscane', cette règle bancale s'applique. C'est un "Epic-Song"dans toute sa magnificence, malgré les structures métriques un peu trop explicitement empruntées à Rush, c'est une belle œuvre de Rock-Progressif. Notez la nuance. C'est une sorte de Learning To Live rallongé mais en l'ayant volontairement élaguer de ses multiples parties changeantes, de sorte que l'on trouve une linéarité jouissive. S'il y a vraiment un morceaux qui possède une âme sur cet album, c'est celui-là.

Conclusion: Cet album est une déception, mais personnellement, ça ne m'étonne qu'à moitié. Dream Theater stagne - si ce n'est pour dire régressé - et ne propose plus rien. Comme s'ils refusaient même d'innover, comme si cela ne faisait plus parti de leur façon de voir la musique. Dream Theater est devenu un stéréotype de la scène Progressive, et c'est cela qui m'irrite car ce n'est pas ce que je recherche.

Note: 11/20

Hugh Hopper n'est plus!

5 juillet 2009

Hugh Hopper est mort le 7 juin dernier à l'âge de 64 ans d'une leucémie qu'il avait contractée l'année dernière, 3 ans après celle de son acolyte saxophoniste Elton Dean.

Et cette nouvelle, je ne l'ai apprise que tout à l'heure (on ne peut pas dire que Hugh Hopper soit un musicien très médiatisé ... De plus, des amis fans de Soft Machine, j'en connais assez peu) et elle m'a emmerdée et elle m'a surtout attristée. Hugh Hopper faisait parti de mes bassistes préférés, ceux qui osaient faire un peu tout avec une 4 cordes, par delà son jeu sobre et austère, il imposait une rythmique lourde et exquise, sans jamais tomber dans l'excès technique en faisant sonner et durer les notes de façon à mieux les apprécier, privilégiant la couleur du son plutôt que de la saturation excessive qui pourrait en découler.




Hugh Hopper | 1945 - 2009


Mais en dehors de cela, Hugh Hopper était un personnage. L'air grave et lourd, son visage paraissait impénétrable, d'un aspect extérieur incroyablement austère, on n'avait pas de mal à imaginer une imagination et une fraîcheur de vivre du son à travers l'importance capitale qu'il portait à son instrument. Un sage en perpétuelle recherche philosophique à travers ce qui le faisait vibrer, une jouissance, mais intime.

Repose en paix, novateur posé de musiques complexes ...