Dream Theater - Black Clouds & Silver Linings

6 juillet 2009

Artiste: Dream Theater
Album: Black Clouds & Silver Linings
Année de sortie: 2009
Durée: 75:25





Tracklist:

1. A Nightmare To Remember (16:10)
2. A Rite Of Passage (8:35)
3. Wither (5:25)
4. The Shattered Fortress (12:49)

- X. Restraint
- XI. Receive
- XII. Responsible

5. The Best Of Times (13:07)
6. The Count Of Tuscany (19:16)


Line-Up:

James LaBrie: Chant
John Petrucci: Guitares & Chant
Jordan Rudess: Claviers & Continuum Fingerboard
John Myung: Basse
Mike Portnoy: Batterie, Percussions & Chant


Chronique:

Le 23 Juin dernier, le nouveau Dream Theater est sorti. Depuis son annonce fin mars, je ne pouvais qu'être satisfait de sa sortie définitive tant l'attente qui en découlait était importante. Sauf qu'à force de me farcir d'informations et de spéculations sur ces 3 derniers mois, une indigestion précoce s'empara de moi quelques semaines précédent sa sortie, qui était peut-être un signe révélateur du contenu de cette galette ... Mais parlons un peu concret!

Dream Theater, j'ai été un grand fan pendant des années depuis la découverte du Train Of Thought fin 2003 alors que ma connaissance Metallistique ne se constituait presque exclusivement que de Metallica ou d'Iron Maiden. Et si je dis que j'ai été fan, c'est que je ne le suis plus, malgré le fait que je sois allé les voir 4 fois (mais ce n'est pas le fait de les avoir vu 4 fois qui a provoqué cela). C'est le groupe qui m'a en quelque sorte ouvert les yeux et l'esprit musicalement, et ce qui fait que je n'en suis plus fan maintenant est ce 'synthétisme' et ce côté trop factice qui découle de leur musique, comme s'ils voulaient trop prévoir leur musique en délaissant le côté "imprévisible" qui en fait le charme. C'est surtout du au fait que leur musique a perdu énormément d'impact sur les 3 derniers albums, celui-ci compris.

Black Clouds & Silver Linings ne propose rien de vraiment nouveau. Si l'on excepte les nappes de claviers que Jordan qualifia grossièrement de "gothiques" dans une interview (et qui avait provoqué en moi une certaine crainte ...), et les parties plus aérées de la fin de 'The Count Of Tuscany', il n'y a pas d'innovation. Car pour moi à travers ces interventions pompeuses, ils ont tenté de créer une ambiance bien spécifique, mais le fait de se dire ça conduit indiscutablement à l'échec car le rendu est bien trop aseptisé pour qu'il puisse être crédible. Cela fait "là, on va rajouter des nappes de claviers symphoniques pour changer un peu et pour accentuer ce côté Heavy tu vois". Car comme sur le Systematic Chaos, il n'y a pas d'atmosphère notable, et ce n'est pas les orchestrations grandiloquentes du premier titre qui suffira à en créer une! Il n'y a pas cette petite touche de folie imprévisible tantôt colorée, tantôt chaleureuse, c'est un album incroyablement neutre! (Certains détracteurs répondront simplement que c'est juste un album de Dream Theater ... Mais là dessus, je ne suis pas d'accord)

Malgré la musique prévisible qu'est devenue celle de Dream Theater, la technique n'est absolument point atténuée, mais juste très mal exploitée. Ils se veulent "techniques" mais sans l'être dans le bon sens du terme, ils déballent leur arsenal en manquant cruellement de folie, alors qu'ils pourraient faire des miracles. Dream Theater a arrêté de faire du Prog comme moi je l'entends, Dream Theater fait de la caricature du Prog et s'auto-caricaturent par la même occasion. Ils se veulent également plus "metal" mais ils n'ont jamais été réellement crédibles à mes yeux dans cette approche, ils tanguent tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre, ne trouvant pas de stabilité. Comme le montre le morceau d'ouverture 'A Nightmare To Remember', il y a des gros riffs, du blast beat, du chant plus sombre mais cela reste incroyablement mou, ce qui est assez paradoxale vu l'approche. Mais le principal problème de Dream Theater, c'est qu'ils manient bien trop mal leurs influences et qu'ils ne cessent de se faire embringuer par les nouvelles tendances musicales! Avec Octavarium, les sonorités propres à Muse étaient indiscutables, sur Train Of Thought, celles empruntées à Metallica ou à Pantera l'étaient également, et là on ne peut s'empêcher de penser à Opeth avec qui ils ont tournés lors de la dernière "Progressive Nation" ou encore plus flagrant avec du Rush sur la partie principale de 'The Count Of Tuscany'. Mais tout cela en moins bien, trop artificiel pour être fiable. Dream Theater devrait arrêter de fonctionner en fonction de ces paramètres, Dream Theater devrait penser un peu par lui-même!

Cette absence de folie, on la doit surtout à l'emprise qu'a Portnoy et Petrucci sur le plan conceptuel et musical. Les deux têtes pensantes du groupe sont pour moi la régression même du son de Dream Theater (et peut-être le lavage de crâne de leur maison de disque actuelle, Roadrunner, qui sait ...), ce sont pour moi à l'heure actuelle les "deux" points faibles qui font que la musique de DT a perdu sa fougue créatrice. Ou peut-être du à la faute des 3 autres ne s'impliquant pas assez, c'est également une possibilité. Car dans Black Clouds & Silver Linings, la basse de Myung n'a jamais été aussi en retrait, moi qui me plaignait du peu d'impact qu'elle avait dans Systematic Chaos, j'étais loin d'imaginer qu'il ne se contenterait juste de suivre docilement les parties de guitares sur celui-là, ne laissant apercevoir qu'un petit brin de folie sur la fin de 'The Count Of Tuscany'. Son jeu est devenu extrêmement minimaliste! Et en dehors de ça, je n'aime pas le son que John Myung produit, il est gras, rugueux, pâteux et sans identité. On est loin de la clarté de ses lignes du Awake! Et si je dis que Portnoy et Petrucci sont les points faibles actuels du groupe (et malgré l'absurdité de ses propos selon certains), c'est que pour moi, ce sont eux qui sont responsables de l'absence de vie à travers leur musique. Je ne reviendrais pas sur leur jeu car il correspond plus ou moins à tout ce que j'ai écrit dans cette chronique jusqu'à présent. Jordan Rudess propose de nouveaux sons, notamment une approche très psychédélique sur son solo sur 'A Rite Of Passage' mais un des points positifs le concernant est qu'il ne fait presque aucun rajout et se contente souvent d'épauler ses collègues avec de solides accords volontairement dénués de technique. James LaBrie se contente de caler ses lignes de chant avec de léger changement d'intonations sur certains passages. Mais le LaBrie se fait vieux et il n'arrive même plus à être efficace en studio, ce qui peut entrevoir de sacrés craintes pour la tournée à venir, on est loin de sa fantastique performance pure et aérée du Systematic Chaos.

Mais le fait que l'on ai affaire à de la complexité déguisée réside dans le fait que les parties instrumentales sont trop brèves et peu exploitées, loin de la façon dont ils les exploitaient à l'époque de Images & Words ou du Awake. Elles ne trouvent pas de transitions à celles-ci, et elles s'effacent petit à petit, ce qui créer tout de même un goût de facilité propre à la tournure que prend le groupe, même Systematic Chaos avait des parties instrumentales mieux soignées! Et quand j'aligne ce genre de propos, je ne peux m'empêcher de penser à la fin de la saga des "AA", 'The Shattered Fortress'. Les 4 morceaux précédent celui-là dont le premier (The Glass Prison) se trouvait sur l'album "Six Degrees Of Inner Turbulence" possédaient un rythme et une certaine cohérence alors que sur le morceau qui boucle l'histoire, c'est du pur copier-coller! Certes, on savait inévitablement que l'on se retrouverait avec des passages similaires aux morceaux précédents, mais j'étais loin d'imaginer qu'ils allaient être aussi explicites! Ça ne lui apporte ni d'identité, ni d'atmosphère mais surtout (et avant tout) de la frustration! Car quand on sait que cette "suite" s'est voulue si complexe, on sent tout de même un terrible goût d'inachevé!

Sur les autres morceaux de cet album, il y a du bon et du très mauvais, mais pas du très bon, nuance. A Nightmare To Remember, comme je l'avais indiqué plus haut est un solide bloc tantôt symphonique, tantôt agressif, mais stéréotype du morceau Metal-Progressif avec ses différentes structures et son refrain taillé pour faire frémir les néophytes en la matière. Ceci dis, j'aime le boost symphonique que Rudess apporte avec ses sons de cathédrale, mais assez maladroitement placés, car le morceau traite d'un accident que John Petrucci a eu quand il était petit, et où le rapport 'gothique' est assez mince au vu des paroles. Mais cette remarque me fait également penser à leur façon de créer leurs morceaux, notamment au niveau des paroles. Ils créent avant tout la musique et ajoutent les paroles sur une musique déjà crée ... Mais ce n'est pas un peu trahir le travail conceptuel de fonctionner de cette façon? Ne vaut-il mieux pas créer la musique sous une idée ou un concept particulier et non le contraire? Car la musique n'aurait donc pas réellement de lien concret avec les paroles, qui fait qu'ils pourraient mettre n'importe quel type de paroles, ou n'importe quel type d'histoire sur des centaines d'instrumentales différentes, ça en décrédibilise le contenu ... Surtout pour des perfectionnistes comme Dream Theater!

A Rite Of Passage est le morceau de remplissage dans l'unique but de créer un single. Le refrain est facile et efficace, on arrive à repérer quelques plagiats de Megadeth et d'auto-plagiat de 'Home' dans le riff principal, mais ce qui gêne le plus sont les transitions quasi-inexistantes ou maladroites, notamment la partie instrumentale qui rejoint de façon bien trop anarchique le refrain. C'est là histoire de dire "Bon, on boucle le morceau de cette façon, on va pas s'emmerder, ça fera tout de même un bon single!" Et je n'apprécie pas cette approche, c'est trahir la musique pour le succès et l'argent facile, et cela brise la ligne logique de l'album, sur le plan artistique. En parlant de succès facile, c'est on ne peut plus explicite avec l'innommable et l'immonde Wither et cet espèce de pseudo-ballade mélancolique d'un mauvais goût encore jamais inégalé par les américains. On a l'impression d'aller faire ses courses au supermarché ... Sur Wither, c'en est trop, ça en dégouline. C'est beaucoup trop naïf! Pourtant, j'ai beaucoup aimé le côté très mélancolique de Vacant ou la sobriété mélodique d'un Anna Lee ... Mais là, il n'y a ni l'un ni l'autre. The Best Of Times correspond quand à lui à l'assouplissement de la musique de Dream Theater. L'introduction n'est pas spécialement désagréable, même apaisante où Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra) est venu caler une brève mais intense partie de violon. Là où ça se corse, c'est quand vient la rythmique et ces suites d'accords innocents qui me font inévitablement penser à des groupes des années 1980 kitshissimes au possible. Mais malgré ces brèves interludes hautement dispensables, le morceau n'est pas désagréable pour autant, il a juste l'inconvénient d'être un peu trop long. Le final n'est pas sans rappeler celui de 'The Ministry Of Lost Souls'.

Mais le gros de l'album est 'The Count Of Tuscany'. Et ne me dites pas qu'un morceau long est systématiquement synonyme de qualité, je n'avais pas aimé 'In The Presence Of Enemies', mais concernant 'le comte de Toscane', cette règle bancale s'applique. C'est un "Epic-Song"dans toute sa magnificence, malgré les structures métriques un peu trop explicitement empruntées à Rush, c'est une belle œuvre de Rock-Progressif. Notez la nuance. C'est une sorte de Learning To Live rallongé mais en l'ayant volontairement élaguer de ses multiples parties changeantes, de sorte que l'on trouve une linéarité jouissive. S'il y a vraiment un morceaux qui possède une âme sur cet album, c'est celui-là.

Conclusion: Cet album est une déception, mais personnellement, ça ne m'étonne qu'à moitié. Dream Theater stagne - si ce n'est pour dire régressé - et ne propose plus rien. Comme s'ils refusaient même d'innover, comme si cela ne faisait plus parti de leur façon de voir la musique. Dream Theater est devenu un stéréotype de la scène Progressive, et c'est cela qui m'irrite car ce n'est pas ce que je recherche.

Note: 11/20

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle chronique. Je pleure moi aussi sur la splendeur passée de ce groupe qui m'a sorti de l'errance musicale... Et je constate aussi les même causes à la déchéance. Courage.

Anonyme a dit…

11/20 c'est bien noté!
Un album tel que Ocatvarium ou Systematic Chaos mérite une bonne note autour de 18~19 car on peut toujours recenser de très petits points négatifs alors que pour ce dernier album, comparé à ces prédécesseurs, n'a plus aucuns caractères... Je n'ai pas pu l'écouter en entier malheureusement de par son manque d'originalité, il est très lassant mis à part 3 ou 4 titres!
Personnellement je ne lui aurais attribué qu'un peu plus du tiers de la note d'un de leur bon album, soit 7...
Dommage quelle déception!