Voïvod - Killing Technology

7 septembre 2008

Artiste: Voïvod
Album: Killing Technology
Année de sortie: 1987
Durée: 47:33


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1. Killing Technology (7:35)
2. Overreaction (4:46)
3. Tornado (6:05)
4. Too Scared To Scream (4:19)
5. Forgotten In Space (6:13)
6. Ravenous Medicine (4:23)
7. Order Of The Black Guards (4:29)
8. This Is Not An Exercise (6:21)
9. Cockroaches (3:48)


Line-Up:

Denis "Snake" Belanger: Chants & Paroles
Denis "Piggy" D'Amour: Guitares
Jean-Yves "Blacky" Thériault: Basse
Michel "Away" Langevin: Batterie, Artworks & Concepts


Chronique:

Voïvod ... Un groupe jouant les contrastes ... Inaudible pour certains, adulés comme vénérables maîtres cosmiques pour d'autres (qui est mon cas ^^) ... Cet album possède un charme robotique indestructible d'une structure habilement destructrice ...

Je ne vais pas mâcher mes mots: Killing Technology est pour moi au Thrash ce que Close To The Edge est au Rock Progressif ... une monstruosité aliénique que je place comme meilleur album de Thrash au monde ... Et tellement peu connu ... Car ici, rien n'est normal et rien n'est prévisible ... A l'image de cette pochette futuriste qui n'annonce que du chaos interstellaire dans une quête destructrice d'une technologie future ...

Et avec ces quelques mots, vous avez déjà un bref aperçu de la personnalité atypique et de cette froideur spatiale qu'est cet ovni de Killing Technology ...

L'auditeur est intégré dans un chaos généralisé où tous les mondes que nous connaissaons à l'heure actuelle seraient purement transformés en purée nucléaire ... Nous avons affaire ici à du Thrash "Intello" avant-gardiste ... Et c'est un tournant ô combien majeur pour le groupe qui trouvera ici son identité propre à leurs imaginations respectives ...

Les sujets sur cette galette restent plus ou moins les mêmes, les "Fuck Off And Die" en moins et une maturité accrue ... Voïvod nous défèque un album hautement recherché combiné à tout ce que les plus grands écrivains de science-fiction spatiale auraient pu étaler de leur complexité ...
Contrairement à du Tangerine Dream où la menace se fait ressentir sur chaque note d'un ton glacial, ici nous avons dépassés le stade de la menace et c'est la désolation qui règne ici ... Mais il y a un enchantement phénoménal à travers ses distorsions et ses dissonances accablantes ...

Chaque titre et chaque note de cet album vous agresse les tympans avec une hargne rarement égalée ... C'est aussi un album de transition pour Voïvod; car Killing Technology annonce un style qui s'amplifiera de bizarrerie androïde avec les sulfureux Dimension Hatröss et Nothingface (ces noms!) et c'est aussi le dernier album de Thrash de Voïvod ... Combiné les deux donne ... Cette chose ...

La chanson titre démarre tel l'épave d'un vaisseau nébuleux qui referait surface à l'aube d'un chaos cosmique ... Une voix vocodée nous annonce que nous allons passer 50 minutes de déluge inter-galactique: "WE ARE CONNECTED!"

Et là, vous avez une grosse rythmique sourde alternée par une nuée de bourdonnements de toms ... Suivi d'un arrachage planétaire de riff entre calées de notes étouffées prêt à vous faire bouger votre anatomie humaine dans tous les sens, quitte à ce que vous détruisiez malencontreusement tout ce qui vous entoure ...
C'est le morceau le plus long de l'album et aussi celui où l'on distingue le plus nettement 2 parties, le phénoménal :"TOMORROW DISAPPEAR!" où Snake déploie sa rage avec une telle intensité que l'on ne retrouvera dans aucun autre album ... Sa voix se fait plus mature, plus réfléchie ... Mais pour plus accentuer sa violence ...

Killing Technology a la particularité de posséder les refrains et certains passages les plus accrocheurs de toute leur discographie ...

"Overreaction" reste sur la même cadence et Blacky nous sort une de ces lignes de basses en intro ... surveillée de près par Piggy qui enfonce le clou en y ajoutant ses rythmiques dissonantes et distordues d'une manière féroce et véloce ... Piggy n'était certes pas un très grand soliste mais il calait des rythmiques d'une telle ingéniosité que tout ça comblait sans problème ses solis douteux ...

"Tornado" pourrait paraître comme le morceau le plus "Thrash" de l'album du à Away et son percutage de fûts diabolique et son "TORNADO!" hurlé symboliquement par Snake en se décalant petit à petit de la rythmique initial ... C'est aussi sur cet album que Voïvod adopte des structures plus complexes voire propre au Prog' en général ... Et des albums de Cyber-Thrash-Prog en 1987, il y en avait pas des masses ...

"Too Scared To Scream" aligne la même citation dans un contexte inquiétant comme un hurlement de désespoir (You Gotta Tell Me Why?), comme bloqué dans une dimension lointaine et ayant un point de non-retour ... Un des titres les plus étranges avec ...

... "Forgotten In Space" ... Déstructuré au possible et torturé jusqu'au vice ... Ce titre est une ode à la bizarrerie spatial comme l'imaginaient si bien les membres de Voïvod à l'écriture de ce disque ... Alternant sonorités menaçantes, grosses sonorités Thrash, sonorités bizarroïdes alternée par une voix saturée de Snake épiloguée sur fond de riff uniforme ... Vous ne comprendrez absolument rien à la première écoute ... Bouleversant ... Un des morceaux les plus épiques avec la chansons titre ... Vraiment bouleversant ...

En y pensant plus profondément, Voïvod est le seul groupe de Thrash à avoir réussi à faire quelque chose d'aussi planant en étant aussi violent ... Leur fascination pour les Floyd devaient forcément être pour quelque chose ...

"Ravenous Medicine", ou la rythmique Thrash par Excellence ... Le titre le plus entraînant de l'album ... Décriant le monde médicinale et les expériences faites sur les animaux de laboratoire (le clip est d'ailleurs on ne peut plus explicite ... Même s'il a malheureusement plutôt tendance à faire rire :D), la structure se clôt par une rythmique supersonique où Piggy nous sort un solo digne des plus grands maîtres de sa catégorie ...

Order Of The Black Guards n'est pas très subtil mais a le mérite de démembré littéralement ce qui reste de notre pauvre corps meurtri ... Ce n'est pas le titre le plus original (en reprenant d'ailleurs un bout de passage remanié de "Horror" de l'album précédent) mais il possède un beuglement digne d'une fin du monde (Burn! Burn! Burn! Burn!) se répétant une ultime fois (Down! Down! Down! Down!) avant de sombrer dans un épilogue machiavélique avec le souffle inquiétant des guardes noirs en écho ...

Les 2 titres restants sont malheureusement les 2 seuls points faibles de cet album ... Même s'ils ne sont pas mauvais, ils n'ont rien à voir avec la qualité destructrice robotique des 7 premiers titres qui ornent cette galette ... "This Is Not An Exercise" propose une rythmique assez plate malgré un passage atmosphérique (mais pas vraiment serein) intéressant au milieu et "Cockroaches" nous replonge dans l'immaturité de Rrrröööaaarrr et ses rythmiques bruyantes dénuées d'intérêt ... Dommage ... Pas mauvais non plus celui-là, juste en retard sur son temps comparé à la complexité d'un Forgotten In Space ...

Un album complexe doté d'une atmosphère nébuleuse et ténébreuse ...

Conclusion: Un album de transition et unique dans la discographie de Voïvod qui ravira les fans de Thrash en général et les plus ardus fan du son du combo Canadien ...

Note: 17,5/20

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