King Crimson - Lizard

6 septembre 2008

Artiste: King Crimson
Album: Lizard
Année de sortie: Fin 1970
Durée: 42 minutes





1. Cirkus (6:27)
2. Indoor Games (5:37)
3. Happy Family (4:22)
4. Lady Of The Dancing Water (2:47)
5. Lizard (23:15)

- a. Prince Rupert Awakes
- b. Bolero: The Peacock's Tale
- c. The Battle Of Glass Tears

1. Dawn Song / 2.Last Skirmish / 3. Prince Rupert's Lament

- d. Big Top


Line-Up:

Robert Fripp: Guitare, Mellotron, Claviers Eléctriques & Devices
Mel Collins: Flûtes et Saxophones
Gordon Haskell: Guitare Basse et Chant
Andy McCulloch: Batterie
Peter Sinfield: Textes et Images

+ (Musiciens additionnels)

Robin Miller: Hautbois et Cor Anglais
Mark Charig: Cornet
Nick Evans: Trombone
Keith Tippet: Piano et Piano Eléctrique
Jon Anderson (YES): Chant sur "Prince Rupert Awakes"


Chronique:

Sans doute l'un des albums les moins abordables de la bande à Robert Fripp mais aussi le plus poignant, le plus profond et peut-être même le plus recherché ...

Les orientations Jazz sont à leur apogée sur cet opus. Plusieurs "guest-musiciens" sont venus prêter mains fortes pour compléter une formation en recherche perpétuel de nouveaux sons ... Nous sommes en fin de l'année 1970 et le Crimson de Lake n'est plus ... L'heure est venue pour Robert Fripp et Peter Sinfield, seuls rescapés, de passer à quelque chose de bien plus subtil et d'approfondir leur recherche musicale ...

Cet album a une atmosphère légère et colorée ... Sans tomber dans l'excès ... La voix de Gordon Haskell se fait plus brute mais plus poétique ... Avec une teinte de fermeté qui le différencie de Greg Lake ...
Ce qui fait aussi le charme de cet album, c'est que chaque instrument à sa part du gâteau en laissant presque Robert Fripp au second plan sur certains passages (en particulier sur la chanson titre).

Andy McCulloch, le batteur actuel a un jeu beaucoup plus fermé et beaucoup moins prévisible adepte des roulements surprises de caisse claire qui s'allie à merveille avec tout ce panel de ces sons multicolores que sortent la section "jazz" ... Typique des batteurs du roi cramoisi.

"Cirkus" est un résumé total de ce qui s'en suivra dans l'album: Légèreté, subtilité, dissonances et passages anxieux ... Mais empreint d'une terrible douceur qui charme l'auditeur avec efficacité ...

"Indoor Games" est le titre le plus "fermé" de l'album, où l'on ressent avec merveille cette sensation d'intérieur, comme fermé dans une pièce du au sons canardisés du saxophoniste Mel Collins qui est beaucoup plus représenté musicalement sur ce morceau (Mel Collins qui devient membre officiel à partir de cet album)

"Happy Family" est dans la lignée de son prédécesseur dans une ambiance similaire avec une rythmique plus accrocheuse et une voix plus "étouffée" et "saturée" de Gordon Haskell qui plonge l'auditeur dans un climat tantôt malsain tantôt intriguant ... La ligne de basse se fait sobre mais monstrueusement efficace ... A la différence de "Indoor Games", le piano est présent tout le long sur "Happy Family" créant une ambiance pérpétuelle d'inquiétude et d'incertitude ...

"Lady Of A Dancing Water" est une pièce mélodique d'une beauté hallucinante sans tomber dans le kitsch ... Les envolées à la flûte reflètes les chants d'hypothètiques oiseaux accompagnant la "fameuse dame de l'eau dansante", et le trombone apporte une sensation supplémentaire non désagréable ... Et de même bien choisi ...

"Lizard": La véritable seule longue pièce épique du roi cramoisi (23 minutes) ... Les 4 premières minutes de ce morceau justifie à lui seul l'achat de ce disque ... Pourquoi? Car Jon Anderson chante les paroles de Peter Sinfield dans un registre radicalement différent de ce qu'il fait dans Yes ... Ce chant crystalin empreint d'une telle légèreté ... Qu'il est à peine audible ... Dans le sens physique du terme ... Le refrain contraste magnifiquement avec les couplets où Jon adopte une tessiture plus "sereine" ... Avec le titre précédent, le passage le plus subtil de l'album et celui qui paraît le plus fragile ...

La suite du morceau est une longue épopée fantastique dans les entrailles du reptile où chaque musicien s'exprime et pose une pierre à l'édifice à la gloire du lézard ... Le solo de Hautbois (5:40) est l'un des moments les plus jouissifs de subtilité sous une basse plutôt timide ... Chaque instrument correspondrait à un certain état d'esprit ... Le solo de trombone serait plutôt un état festif couplé par le cornet de Mark Charig aux sonorités "bal mexicain" présentes plus ou moins explicitement sur toute la durée de l'album.

Gordon Haskell rapplique le temps de quelques vers dans un registre très grave et sourd, suivi d'une section rythmique avec un thème saxophonique se répétant et va crescendo vers une cacophonie finale dantesque ... La dernière minute du morceau contraste à merveille avec l'ensemble de cette oeuvre sous fond de sonorité joviale de boîte à musique ... Ingénieux épilogue qui nous en a fait voir de toutes les couleurs dans cet océan d'étranges sonorités ... Phénoménal ...

Conclusion: Lizard est un album à part dans la discographie de King Crimson, le plus coloré, le plus détaillé, le plus instructif ... Et objectivement, quoiqu'on puisse en dire le plus joli musicalement ... ;)

Note: Je trouve peu de défauts à cet album ... Hallucinant d'homogénéité, d'inventivité et d'ingéniosité, je ne peux mettre qu'un

18/20

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