Magma - Köhntarkösz

6 novembre 2009

Artiste: Magma
Album: Köhntarkösz
Année de Sortie: 1974
Durée: 41:16





Tracklist:

1. Köhntarkösz, Part One (15:22)
2. Köhntarkösz, Part Two (15:44)
3. Ork Alarm (5:32)
4. Coltrane Sündïa (4:17)


Line-Up:

Stella Vander: Chant
Klaus Basquiz: Chant et Percussions
Christian Vander: Batterie, Chant, Piano, Percussions
Jannick Top: Guitare Basse, Violoncelle, Chant, Piano
Gérard Bikialo: Pianos & Orgues Yamaha
Michel Graillier: Pianos & Clavinet
Brian Godding: Guitare


Chronique:

"Comment un type qui n'a jamais écouté 'Mekanïk Destruktïw Kommandöh' peut-il avoir la prétention de chroniquer un album de Magma!?". Cette question, je me la pose bien évidemment à moi-même. Il est vrai que malgré toute l'admiration que je porte à ce groupe, je dois reconnaître que leur œuvre la plus aboutie m'est totalement inconnue musicalement parlant. Et cela est d'autant plus délicat que l'album que je vais chroniquer ici, 'Köhntarkosz', est sorti tout juste un an après, donc qui m'amène à avancer l'hypothèse d'une possible similarité musicale. Ceci dis, la description qu'en fait le wikipedia anglais à propos de cet album pourrait suggérer le contraire ("The Kohntarkosz album marked a change in sound from Magma's previous album. The absence of chant brings it closer to more conventional jazz fusion, however the heavy bass and dark, ritual atmosphere identify it as clearly a Zeuhl album.")

Enfin soit, malgré ma connaissance restreinte (je viens de me rendre compte avec effroi que je ne connaissais que deux albums de Magma!) Allons-y!

Pas vraiment abordable ce 'Köhntarkösz'. Très austère, macabre, les sons et rythmiques tourbillonnent derrière des strilles de synthétiseurs aux sons volontairement longs et angoissants. Le morceau éponyme est découpé en deux parties de 15 minutes tandis que 2 intermèdes viennent compléter la durée totale du disque, dont un hommage poignant envers John Coltrane duquel Christian Vander était un grand admirateur et Ork Alarm, unique contribution de Jannick Top et son groove vrombissant et inébranlable.

En dehors du chaos généralisé qui siège ici, il y a quelque chose de fabuleux qui se dégage de cette atmosphère. Une lande abstraite aux contours symphoniques, un havre de paix pour anges déchus. Une érudition funèbre, volcanique où les chants malsains et insignifiants viennent se greffer sur cette ode au bizarre comme porte-paroles fanatiques et annonceur d'une nouvelle existence. 'Köhntarkösz' est un régime despotique souterrain et aveugle où plusieurs de ses taupes s'écrasent sous cette monarchie de fer. La première partie correspondrait le mieux à cette description. Le rythme est lourd, très lourd et volontairement menaçant. La basse de Top s'allie aux percussions violentes de Vander qui s'opposent aux accords cuivrés et aventureux de leurs homologues claviéristes, comme deux duos se faisant duels.

La deuxième partie reprend la forme de sérénité qui s'était développée sur la fin du premier mouvement, et qui sera développée de façon très habile. L'atmosphère est suave et apaisante. Malgré la tyrannie sonore auquel nous avons été affrontés pendant les 15 premières minutes, un peu de repos s'impose naturellement. Nous ne sommes pas chez Univers Zéro. Les premières minutes du deuxième mouvement voient s'instaurer une forme plus traditionnelle de rock-progressif mais non sans audace. Sauf que cette forme de sérénité s'estompe trop rapidement (mais à la transition intelligente) pour revenir à une rythmique improvisée et méphistophélique qui sera croissante jusqu'à la fin du mouvement où apparaît une partie de guitare agressive assez peu conventionnelle, toujours soutenue par cette chorale perverse que l'on avait pu apercevoir sur le premier mouvement laissant entrevoir un maelström d'éruditions diaboliques. Après un final d'anthologie où chaque entité de ce royaume spectrale spéculent à l'agonie, l'outro fait place à des sortes de chants chamaniques empruntés à toute sorte de peuples bordant notre planète. Bluffant.

'Ork Alarm', le titre qui suit, n'est pas vraiment rassurant non plus. Il est même encore plus noir que le morceau titre. Des attaques métronomiques aux cordes laissent apparaître un chant encore plus malsain s'accentuant de façon démentielle, mais qui aurait pu être retravaillé dans son approche. 'Coltrane Sündïa', comme je le mentionnais en début de chronique, est une élégie à l'encontre de John Coltrane (mort 6 ans après la conception de cet album, certes ... Mais Christian Vander est libre de faire ce qu'il veut, non?). Mais malgré une certaine forme de mélancolie palpable, il y a toujours ce côté malsain et incertain qui en découle. La ligne synthétique à l'arrière-plan sonore ne doit pas y être totalement innocent.

Conclusion: Un album dur, riche en atmosphère sinistres, mais emprunt d'une sensibilité à travers elles extrêmement déroutante. Un album dur à s'octroyer tant son baptême est long et délicat. Une œuvre d'une grande réussite.

Note: 18/20

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