L'inspecteur Derrick est mort

16 décembre 2008

L'impénétrable et immuable Inspecteur Derrick, incarné par Horst Tappert, est décédé hier à l'âge respectable de 85 ans.





Horst Tappert, plus connu sous le personnage de Derrick, a rendu l'âme hier après une dégradation de sa santé d'après sa femme Ursula qui l'annonça au quotidien "Bunte"

La série vit le jour dans l'année 1974, sans interruption jusqu'en 1998, se déclinant au nombre exorbitant de 281 épisodes.

Je fût profondément choqué en apprenant la nouvelle aujourd'hui ... C'est en ouvrant la boîte mail sur le pc d'un pote que je vis une tête baveuse aux yeux exorbités souriante sous laquelle était inscrite cette bien triste inscription: "L'inspecteur Derrick est mort!"...

Inspecteur Derrick ... Ahhh Nostalgie! Depuis maintenant plus de deux décennies que l'on devait se coltiner cette série adepte du "filtre gris moche austère", autrement dit le "filtre derrick" caractéristique indispensable des séries allemandes policières des années 1980 déclinée sous de nombreuses formes l'après-midi sur France 3 ... Mais après des années de diffusion, à mon propre étonnement j'y pris goût ... La carrure et l'impénétrable mine tombante de cet anti-héros me fascinait ... Mais d'un côté, comment peut-on trouver quelque attraction à une série souvent réputée pour son extrême somnolence, adulée par les personnes du troisième, voire du quatrième âge? Je ne sais ...

L'action n'a jamais été la marque de fabrique de la série, c'est indéniable ... Il n'empêche qu'il y a quelque chose qui vous tient, devant tant d'absurdité et de ces dialogues dénués de vie ... Ou chiant à mourir (selon les personnes) ... Il y a une certaine fascination qui s'est crée et je me suis mis à mystifier ce personnage si atypique ... D'où ma tristesse après avoir m'être imprégné de cette nouvelle ...

Mais je ne vous cache pas qu'il m'a fallu un certain temps d'adaptation pour y accrocher ... C'est un peu comme quand vous découvrez une œuvre expérimentale, vous ne savez sur quoi vous stabiliser, vous n'avez pas de repères fixes ou connus ... Derrick, c'est plus ou moins le même tableau, vous pensez que le temps s'est arrêté, où la réflexion pèse sur l'action ...

Et Derrick, ce sont aussi des affaires relativement glauques ... Un monde sans scrupule dénué de morale ... En adéquation totale avec son univers froid et grisâtre ...

Yes - Going For The One

2 décembre 2008

Artiste: Yes
Album: Going For The One
Année de sortie: 1977
Durée: 38:17





1. Going For The One (5:36)
2. Turn Of The Century (7:43)
3. Parallels (6:11)
4. Wonderous Stories (3:52)
5. Awaken (15:35)


Line-Up:

Jon Anderson: Chants, Percussions & Harpe
Chris Squire: Guitare Basse & Chant
Steve Howe: Guitares Électriques & Acoustiques, Vachalia, Lap Steel Guitar & Chant
Rick Wakeman: Piano, Organ, Synthétiseurs Polymoog et Minimoog & Pipe Organ
Alan White: Batterie & Percussions


Chronique:

Voyez-vous ... Je cherchais un nouvel album à chroniquer ... Et j'ai remarqué que je n'avais pas encore chroniqué un seul album de Yes, qui, pourtant, est un de mes groupes auquel je voue une admiration sans bornes ... Damnation! Me suis dis-je!

Et depuis quelque temps, je me suis remis en tête le très controversé "Going For The One", sorti après une pause d'un an et demi et son bouleversant et imprévisible Relayer (En espérant que j'aurais un jour l'audace de m'y pencher ...), sauf que sur cet opus, exit Patrick Moraz qui n'a pas voulu confirmer ses performances rythmées dantesques sur les folles épopées de "The Gates Of Delirium" ... Et qui dit départ d'un claviériste dans Yes dit ... Allez, je suis sûr que vous l'avez ... Mais oui! dit retour de Rick Wakeman bien sûr! L'indispensable Rick Wakeman et ses costumes à paillettes kitschissimes au possible ... Mais malgré cette parenthèse vestimentaire, son retour au sein de la formation sera sûrement l'un des plus importants de sa carrière (si l'on excepte bien entendu, l'apocalyptique "Tormato" , au sens le plus péjoratif du terme, sorti l'année d'après).

L'album démarre d'une manière relativement atypique dans une sorte de Rock'n'Roll pêchu et complexe agrémenté de virevoltées à la Slide Guitar que Steve Howe n'a pu se débarrasser sur des mélopées astucieusement catchy de Jon Anderson ... C'est carré, c'est efficace, mais c'est subtil, à un tel point qu'on ne peut s'empêcher d'accompagner le chanteur dans ses courtes rimes ayant pour unique but de palpiter les tympans du néophyte de base ... Vous l'aurez compris, Going For The One aurait fait un très bon single ... Mais malgré cet aspect simpliste que je mentionnais ci-dessus, il propose une certaine complexité "cachée" et une richesse symphonique propre au son de Yes que l'on ne peut absorber à la première écoute, plus concentrés sur les sonorités "prioritaires" de l'œuvre mais que l'on découvre à travers des écoutes répétées et de sentiments divers nous envahissants ... Et c'est là que l'on ressent directement l'apport de Rick Wakeman (malgré qu'il ne soit crédité sur aucun titre), muni d'un son plus chétif, vaporeux et cristallin sans tomber dans la niaiserie qui ornera la majeure partie de "Tormato". On n'aurait d'ailleurs difficilement pu imaginer la collaboration de Patrick Moraz sur cet album, même s'il fût -d'après ses dires-, l'instigateur de la structure de "Awaken".

C'est également sur cet album que Alan White "simplifiera" son jeu à notre grande déception ... Qui propose quelque chose de plus carré et qui perd en subtilité ... Ce qui n'empêche que Chris Squire n'a en rien perdu dans ce domaine, ce qui fait que l'association "Squire-White" est au plus haut de sa forme ...

Turn Of The Century est un morceau qui à lui seul prouve que Yes n'est pas encore mort et enterré ... Ce titre, qui se situe surtout entre un duo lyrique "Howe-Anderson", l'un fait chanter sa guitare à en faire vibrer les glandes lacrimales, et l'autre apporte la lévitation instantanée du corps et de l'âme ... Ces 2 zozos constituent même l'essence mélodique de Yes ... Turn Of The Century possède également une montée en puissante mais presque dénuée de rythmiques ... D'ailleurs, je crois n'avoir jamais pu comprendre la structure ... C'est un de mes morceaux préférés du groupe avec Ritual, The Gates Of Delirium et Into The Lens (Vous vous y attendiez pas à celui-là! J'en suis sûr! XD)

Fait étonnant; Alan White est crédité sur ce morceau alors que la batterie est quasi inexistente, un morceau presque dénué de rythmique ... Et je me suis toujours demandé sur quelle partie il a pu contribuer ...

"Parallels" est un morceau uniquement écrit par Chris Squire, une première au sein de la formation ... Mais malheureusement, malgré son aspect "pulsif" et rentre dedans, en fait le morceau le moins abouti de l'album ... Cela n'empêche que je prends beaucoup de plaisir à l'écouter. Disons, que c'est un morceau avec une structure ... basique ... Et c'est peut-être cela qui gêne à son écoute;

Mais, malgré tout, la forme la plus intéressante se trouve sur le thème de fin où 3 voix se superposent étonnamment digne des plus grands arrangements vocaux de Gentle Giant ... On arrive même à reconnaître le chant pathétique et aléatoire de Steve Howe ... Un titre qui est excellent en ouverture par contre! Comme nous pouvons l'écouter dans le sublime mais inégal "Yesshows".

"Wonderous Stories" est le genre de morceaux auquel vous portez relativement peu d'attention quand vous découvrez le disque ... (On pourrait mentionner le fait qu'elle ne dure que 3 minutes, mais cette hypothèse ne tient pas debout car Long Distance Runaround faisait également 3 minutes ...) Ballade simpliste dans le pur style lyrique de Jon Anderson ... La structure n'est pas révolutionnaire ... Mais après moult analyses auditives de ce morceau, il s'avère en fait être une œuvre toute emprunte de sensibilité où les duels vocaux de ce dernier et Chris Squire se marient sans tomber dans l'excès de niaiserie ... Juste une très belle chanson dans sa forme la plus primaire ... Une courte et belle réussite que sont ces "histoires merveilleuses" ...

Et là, voyez-vous ... Mon esprit se rétracte et une certaine peur emprunte de doute m'envahit ... Car après ces épopées relativement courtes, comme tout bon album de prog' qui se respecte, nous avons droit à une ou plusieurs longues plages ... Mais l'année oblige et ses formats à double face (1977), nous nous contenterons que d'une ... "Awaken" ... Reveillé ... Et paradoxalement, l'ambiance de cette dernière aurait plutôt à nous faire l'effet contraire tant l'atmosphère y est céleste et curieuse ...

"High Vibration Go On" ... Quatre mots naïfs et innocents, déployés du fond des tripes de Jon Anderson, telle les "vibrations de l'âme" ... C'est une montée, une étrange et douce montée accentuée de lignes vocales dirigées comme de vrais instruments à part ... C'est aussi sur ce morceau que Steve Howe propose l'un de ses solos les plus rapides toujours dans son style "écorché", mais étonnant que cela puisse être, cela ne sonne absolument pas comme du remplissage tel il est complété par les complexités musicales de ses compères Yesseux ...

L'intro de Awaken est l'un des intros les plus intéressantes que le groupe a pu pondre, surtout sur le plan rythmique et musical ... Car même si cela se ressent peu à l'écoute, Rick Wakeman nous pont une partie de piano sur une structure à 27/32 ... Chose relativement rare quel que soit le style musical déployé ... Mais le concept, vous verrez, est très intéressant ...

Car sur le pont de la chanson, un peu à la manière d'un Close To The Edge, Rick Wakeman, toujours lui, propose une suite de mini solis d'orgue presque dénués de sens rythmique ... Du fait qu'il est extrêmement ardu de chanter cette partie en même temps tellement les noirs ont été divisées ... Ce qui rajoute le brin de complexité caricatural opté en général par les musiciens de Rock Progressif ... Mais Caricatural ou pas, on en redemande ...

Mais Awaken est avant tout une œuvre ... "L'ŒUVRE!". Dans toute sa complexité et sa magie ... Ardu représentant du Rock Symphonique tant ses structures sont semblables à celle de la musique classique. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant quand on sait que c'est un des morceaux favoris de Jon Anderson, qui là, exploite à fond son potentiel émotionnel ...

Un album lisse, d'une pureté incroyable, incarnant l'espoir de la vie, et écartant toute idéologie mauvaise ... Telle est la sensation que l'on reçoit directement à l'écoute de ce disque ...

Note: 17,5/20