Van Der Graaf Generator - Pawn Hearts

20 septembre 2009

Artiste: Van Der Graaf Generator
Album: Pawn Hearts
Année de Sortie: 1971
Durée: 45:08





Tracklist:

1. Lemmings (Including Cog) (11:37)
2. Man-Erg (10:20)
3. Plague Of Lighthouse Keepers (a. Eyewitness / b. Pictures/Lighthouse / c. Eyewitness / d. S.H.M / e. Presence Of The Night / f. Kosmos Tours / g. (Custard's) Last Stand / h. The Clot Thickens / i. Land's End (Sidelines) / j. We Go Now) (23:04)


Line-Up:

Hugh Banton: Orgues Hammond & Farfisa, Piano, Mellotron, Synthétiseur ARP, Pédale Basse, Guitare Basse, Chant
Guy Evans: Batterie, Timballes, Percussions, Piano
Peter Hammill: Chant Principal, Guitares Acoustiques, Guitare Slide, Piano Electrique, Piano
David Jackson: Saxophones Alto, Ténor et Soprano, Flûte et Chant

(+ musiciens additionnels)

Robert Fripp: Guitare Electrique sur "Man-Erg" et "Plague Of Lighthouse Keepers"


Chronique:

Van Der Graaf Generator, c'est un peu l'élève turbulent de la classe élitiste du rock progressif des années 1970. Car Van Der Graaf façonne sa musique en totale opposition avec ses congénères en proposant une musique lourde, agressive, saturée et volontairement désagréable ... Ce qui en fait quelque chose de terriblement fascinant, mais sous cette fascination, l'effet fruste de cette musique ne sera pas sans dommage, que l'on soit fan ou pas. Et pourtant, pour que cet album soit fascinant, il faut avant tout le comprendre et faire abstraction de son enveloppe corrosive. Car oui, quand j'ai écouté Van Der Graaf Generator pour la première fois (l'album Godbluff de 1975), je ne lui trouvais absolument aucun intérêt et avait même oser dans ma barbe à me dire que ce groupe était la représentation même du Rock-Progressif bâclé chiant, qui n'a de prog que la forme! Et aussi absurde que cela peut paraître, c'était clairement justifiable, car rien n'est fait pour allécher les oreilles de l'auditeur.

Et il m'a fallu de nombreuses écoutes supplémentaires pour progressivement rectifier ce préjugé hâtif. Non, Van Der Graaf est beaucoup plus subtil que ça, mais encore faut-il avoir le courage de se l'affirmer. Même si sur le plan strictement musical, ça n'est pas spécialement révolutionnaire, l'approche, quant à elle, pourrait l'être. Une musique dominée par les saxophones et des orgues saturées, où la place de la guitare est extrêmement minimaliste (quelques accords à la sèche ou quelques glissandos très furtifs. Même les interventions de Robert Fripp sont à peine audibles) et où la basse n'est pas systématiquement tenue par une guitare basse, tout cela soutenu par la voix de lépreux de Peter Hammill, hallucinante par son registre, cela change de façon assez radicale des formations conventionnelles du Rock de cette époque. Et cette absence d'instruments conformistes renforce son intérêt. Surtout que les quatre gaillards ont tous un jeu commun, qui fait l'identité de leur musique. Peter Hammill raille ses tripes comme s'il était constamment à bout de souffle, dans un moment de pur agonie orgasmique, Guy Evans martèle ses fûts avec violence et de manière assez peu académique, Hugh Banton pose des ambiances rêches et décharnées avec son orgue tandis que David "Jaxon" Jackson fait hurler ses saxophones en osmose avec la rudesse mélodique des orgues de son collègue. Et même ses interventions à la flûte sont acerbes, malgré le potentiel lyrique qui se dégage de cet instrument.

"Pawn Hearts" est un blocos sur un service de porcelaine. Instable et imprévisible, cet album se démarque par sa folie, une folie schizoïde où l'homme est en confrontation avec lui-même et avec ses questions métaphysiques universelles, où personne ne peut lui venir en aide. Certaines phases sont accélérées au stade de pur démence (Milieu de "Man-Erg", milieu et fin des trois quarts de "Plague Of Lighthouse Keepers") où l'on prend provisoirement la peau d'un aliéné délaissé aux soins psychiatriques se présentant manifestement comme néfastes. Ces passages de psychose sont masturbatoires et renforcent l'intérêt des morceaux cités car plus ces phases sont intenses, plus l'attente jusqu'à ce qu'elles se manifestent sera jouissive, comme une montée en puissance qui est guidée par le futur plaisir que cela va nous procurer.

Quand on écoute Van Der Graaf Generator, on est un être en adéquation avec le tourment et les aspects les plus détestables de la vie et on trouve en cette musique une sorte de lamentation et de séance d'auto-flagellation introspective, où les éruditions rossées de Peter Hammill nous servirait de gourou spirituel vers un au-delà incertain. Quand on écoute Van Der Graaf Generator, on ne veut pas être bien. On veut souffrir, mais malgré cela, il y a un côté thérapeutique qui en découle qui est indéniable. Sortir les mauvaises choses de soi-même et exploiter tout leur potentiel malfaisant. Et cela fait du bien. Quand j'écoute les phases apocalyptiques de "Plague Of Lighthouse Keepers" où Hammill vocifère son mal-être, je ne peux m'empêcher de l'accompagner dans sa frustration funèbre, une transe furtive et tendue s'empare de mon corps et j'affronte virtuellement les maux vidés du sac de l'humanité.

Mais Van Der Graaf Generator n'a rien à voir avec les groupes 'Gothico-Black-Emo' où le mal-être et l'exagération est rangé au rang d'apologie."Pawn Hearts", c'est une baignade à 14 degrés dans la manche sur une plage de galets avec un vent à 110 kilomètres couverts de nuages gris et insignifiants. Pour compléter le tableau, on pourrait même rajouter des vagues que l'on se prendrait dans la gueule avant même d'avoir posé les pieds dans l'eau. On plonge dedans, on s'en mordrait presque mais on en ressort avec de l'espoir et de la niaque, et aussi un sentiment extrêmement jouissif d'avoir l'impression de ne pas être comme les autres et de fustiger du regard le monde avec un certaine impression de ressortir d'un combat inexistant la tête haute. Van Der Graaf, c'est le hurlement universel, c'est la culture de la souffrance qui est en nous et d'en exploiter toutes les richesses et proposer une œuvre poignante, mûre et terne.

Note: 16/20

Anderson Bruford Wakeman Howe

16 septembre 2009

Artiste: Anderson Bruford Wakeman Howe
Album: Anderson Bruford Wakeman Howe
Année de sortie: 1989
Durée: 59:05





Tracklist

1. Themes: Sound / Second Attention / Soul Warrior
2. Fist Of Fire
3. Brother Of Mine: The Big Dream / Nothing Can Come Between Us / Long Lost Brother Of Mine
4. Birthright
5. The Meeting
6. Quartet: I Wanna Learn / She Gives Me Love / Who Was The First / I'm Alive
7. Teakbois
8. Order Of The Universe: Order Theme / Rock Gives Courage / It's So Hard To Grow / The Universe
9. Let's Pretend


Line-Up:

Jon Anderson: Chant et Choeurs
Bill Bruford: Batterie
Rick Wakeman: Claviers
Steve Howe: Guitares électriques et acoustiques

+ (invités)

Tony Levin: Guitare Basse, Chapman Stick, Chant
Matt Clifford: Claviers, Programmation, Orchestration, Chant
Milton McDonald: Guitare Rythmique
(+ autre choeurs)


Chronique:

Présenté comme une sorte d'alternative à Yes où Jon Anderson et ses acolytes continuent leur bonhomme de chemin, en proposant un pop mièvre et insipide en totale adéquation avec le son de l'époque (Big Generator), "Anderson, Bruford, Wakeman, Howe", comme son nom l'indique, résulte des retrouvailles du leader arachnéen avec ses anciens compères de Yes. (Anderson ne pouvait pas prendre le nom de Yes, détenu par Chris Squire) Et pas des moindres: Steve Howe, Rick Wakeman et Bill Bruford. On retrouve presque la formation de "Fragile"! Bien que cela ait beaucoup de gueule sur le papier, le résultat qui en découle est loin, très loin de ce que l'on pouvait espérer. On nous avait déjà fait le coup avec Asia 8 ans plus tôt. Pourtant, musicalement, cette nouvelle greffe progressive n'est pas spécialement mauvaise, mais jamais elle n'aurait du voir le jour en 1989. Elle a au moins le mérite d'avoir été conçue dans un réel processus de création en dehors des enjeux commerciaux qui étaient propre à la doctrine d'Asia, qui elle, proposait une musique prévisible et formatée.

Mais malgré la qualité des morceaux, il y a quelque chose qui coince ... Les coupables? Il n'y aura pas besoin d'aller les chercher très loin. Ce sont les mêmes qui ont été à l'origine de l'échec de Tormato ... Si si, rappelez-vous ... Rick Wakeman et Jon Anderson (oui, ce sont eux!) se sont parfaitement adaptés à leur époque, voire un peu trop. Et c'est bien ça le problème. J'ignore de quoi était constitués les albums solos du premier cité précédent cet album, mais ça ne devait vraiment pas être fameux, les sons qu'il nous sort sortirai presque d'un mauvais album de Jean-Michel Jarre, on croirait à une blague, mais ça n'a malheureusement pas l'air d'être le cas ... Et Anderson? Il nous fait toujours part de sa politique naïve de l'amour et toutes les niaiseries qui l'accompagne, perché dans un monde dont il a beaucoup de mal à se défaire, c'en est légèrement écœurant. Mais ne les blâmez pas si hâtivement, ils ne savent pas ce qu'ils font ... Non, les années 1980 n'ont certes pas été prolifiques, mais encore moins concernant ces deux là. Steve Howe et Bill Bruford, quant à eux s'en sortent pour le mieux. La guitare n'est pas l'instrument qui a le plus souffert des nouvelles technologies, lui laissant toujours la possibilité d'exprimer son jeu écorché très caractéristique, tandis que pour Bill Bruford, malgré son jeu intelligent et incroyablement précis, aura eu la très mauvaise idée d'avoir utilisé une batterie électronique, l'amputant une partie de son talent. La basse quand à elle, est tenue par Tony Levin, incontournable de ce genre de projets.

Malgré tout, certains morceaux sont bons, très bons même. "Brother Of Mine" se démarque par sa ligne vocale épurée qui se présente même comme l'armature même du morceau où les instruments gravitent autour d'elle. "Birthright", pour sa sobriété, sera également très appréciable (se terminant par une introduction de didjeridoo assez inattendue). Le reste? A vrai dire, je reste perplexe ... Car les morceaux restants sont radicalement gâchés par la présence de Wakeman alors qu'ils auraient pu être bons ("Theme", "Fist Of Fire", "Order Of The Universe"). Pourtant, on sent sur cet album une volonté d'ouverture vers d'autres courants musicaux ou culturels. Mais là aussi, c'est raté. Quand j'ai entendu "Teakbois" la première fois, j'avais envie de me jeter par la fenêtre ... Ils ont osés! On dirait une parodie de la compagnie créole! Et passé le cap de vouloir se défenestré, on reste très mal à l'aise, mais on ne sait pas si c'est pour nous ou pour eux. "Order Of The Universe", quant à lui, flirte entre le générique d'Intervilles et celui de Denver ... Si, si!

Pourtant, on arrive des fois à éprouver du plaisir à l'écoute de ce disque, mais rien à faire, on ne peut rester aveugle aux interventions nauséeuses de Wakeman, elles nous rattrapent et parviennent malgré tous nos efforts inimaginables à contenir le reste et à écœurer notre système auditif. Car elles façonnent les ambiances, ce qui fait la couleur au morceau. Ce qui a une importance capitale. On dirait que cet album ... a été conçu pour les enfants!

Conclusion: un album qui aurait pu être potentiellement bon mais massacré de manière grotesque par les sons d'époque. Malgré quelques folies fortement appréciables, cela en fait quelque chose d'extrêmement indigeste, écœurant, voire même déprimant ...

Note: 12/20

Deep Purple - Fête de L'Humanité

13 septembre 2009

Après un mois d'absence (et l'attente latente de ma chronique sur le dernier Supersilent, il est vrai), me revoilà. Le week-end presque terminé, j'aimerai revenir avec vous sur la plus célèbre manifestation communiste française, la fête de l'humanité. Ou plutôt ce qui m'y a fait venir, en l'occurrence Deep Purple.

Je n'y étais jamais allé, et je dois avouer qu'il fallait que j'y m'y ramène au moins une fois, par curiosité. Et je dois dire que ce fût moins stéréotypé que je ne le pensais. Alors oui, bien sûr, les hippies chevelus, divers fêtards et ouvriers franchouillard se côtoyaient dans une ambiance solidaire et conviviale entourés de déchets cosmiques et malodorants qui en faisait inévitablement son charme, une ambiance de festival quoi.

Mais c'est avant tout de Deep Purple dont j'aimerai parler, qui se présentait incontestablement comme la figure de proue musicale de cette énième édition de ce festival atypique. C'est vers 21h30 que des amis à moi (tous chevelus il est vrai) et moi-même progressions gentiment vers la grande scène, bondée au possible où nous devions lutter avec hargne pour se retrouver un minimum en face d'elle (même si ma petite taille ne me permit de voir que l'écran géant se situant à sa droite) pour que le show ait tout de même un intérêt. Le concert avait déjà commencé et nous étions (enfin) calés.





N'étant pas un fin connaisseur de Deep Purple, mon avis se concentrera uniquement sur leur jeu de scène et la qualité de leurs morceaux, ce ne sera pas la chronique d'un fan qui pu jouir de l'interprétation de tel ou de tel morceau. Ce concert fût à moitié une découverte. D'ailleurs, je n'étais sûr que de l'identité du bassiste et du guitariste, Roger Glover et Steve Morse, contrairement aux autres où j'avais un doute (d'ailleurs, j'ai eu l'impression que ceux qui m'entouraient n'avaient pas l'air très renseignés non plus). Et c'est donc dans une ambiance mi-figue mi-raisin que débute le show des vétérans d'un Hard-Rock essuyé et teinté de parties quelque peu progressives qui avaient leur gloire dans les années soixante-dix. Mais je dois dire que je fût quelque peu déçu de leur prestation. Certes, après 40 ans de carrière, ils ont de bons restes et ils parviennent à maintenir un public, surtout quand il est assez imposant comme celui-là, mais c'est plutôt musicalement que cela m'é déçu. Oui, Deep Purple, c'est du bon. Ca dépote, c'est bon à entendre, mais les titres manquent clairement d'identité et de couleur. C'est un Hard-Rock chaleureux, mais un peu trop. Malgré quelques interventions au claviers (notamment au Moog, très réussies) notables, je ne trouvais pas l'extase musicale auquel je pouvais m'attendre avec un groupe de cette envergure.

Pourtant, le jeu des musiciens étaient bon, il y a juste Steve Morse que j'ai un peu de mal à encadrer avec sa dégaîne de guitar-hero potentiellement détestable, surtout que son jeu guitaristique n'était pas non plus flamboyant. Certes, le rendu musical était clairement honorable, ce fût un bon concert, mais cela sentait le réchauffé. Cela manquait de crédibilité. En plus de ça, j'ai trouvé le public relativement mou par rapport au nombre de personnes présentes. Il ne s'est vraiment manifesté que sur la fin du concert avec Perfect Strangers et Smoke On The Water (que j'ai d'ailleurs de plus en plus de mal à supporter malgré mon enthousiasme lors de son interprétation ... On ne peut pas faire tout le temps son rabat-joie ...)

Conclusion, un concert agréable, sans folie et sans surprises, le strict minimum. Malgré une envie notable des 5 musiciens, ce fût mou. En tout cas, ils m'ont tout de même donné envie de jouer à la fin de leur set, qui dans un sens, est positif.