Yes - Tormato

18 juillet 2009

Artiste: Yes
Album: Tormato
Année de sortie: 1978
Durée: 41:35 (+79:50)*





Tracklist:

1. Future Times / Rejoice (6:46)
2. Don't Kill The Whale (3:56)
3. Madrigal (2:25)
4. Release, Release (5:44)
5. Arriving UFO (6:07)
6. Circus Of Heaven (4:31)
7. Onward (4:05)
8. On The Silent Wings Of Freedom (7:47)


Line-Up:

Jon Anderson: Chant, Guitare Alvarez 10 Cordes & Percussions
Chris Squire: Guitare Basse, Pédales Basse, Piano sur "Don't Kill The Whale" & Chant
Steve Howe: Guitares électriques et acoustiques, Mandoline & Chant
Rick Wakeman: Piano, Orgue, Moog, Synthétiseurs & Birotron
Alan White: Batterie, Percussions & Chant

*Version resmaterisée avec titres bonus.


Chronique:

Tormato est le 9ème album de Yes, et c'est la première déception notable du quintet qui sera malheureusement croissante avec le temps. C'est indiscutable - et malgré les arguments plus ou moins fiables de ses ardents défenseurs - cet album n'est pas bon. Mais pourquoi n'est-il pas bon? Les hypothèses fourmilles et je ne sais par laquelle commencer.

Premièrement, il y a la date. Tous les hypothétiques fans de Rock-Progressif que vous êtes qui lisent cette chronique n'auront pas de mal à approuver que c'est un des éléments étrangement fondamentaux de ce style musical aussi complexe qu'incohérent. Or, Tormato est sorti en 1978. Même si certaines formations du genre en étaient encore à pondre de belles œuvres, la plupart des cadors du mouvement étaient en flagrante perte créatrice, que ça soit ELP avec son caricatural Love Beach ou Gentle Giant et son innommable Giant For The Day. Sur Tormato, Yes est également en perte créatrice, qui pourtant n'était sorti qu'un an après le mystique et cristallin Going For The One dont je ne m'étais pas gêné pour le bourrer d'éloges. Pourquoi une descente aussi flagrante et instantanée? Et en cette fin de décennie fertile, le matériel - contrairement aux idées des principaux protagonistes - évoluait. Mais pas forcément dans le bon sens. Le plus grand défaut à cet album sont les sons utilisés par Rick Wakeman que l'on croirait tout droit tirés d'un synthé Yamaha pour gosse bon marché. Inutile de vous préciser que les sons qu'ils sortaient de son matériel nouveau était d'un kitsch nauséabond (mon dieu son solo sur 'On The Silent Wings Of Freedom' ...), mais ça, j'imagine bien que vous l'auriez deviné.

Deuxièmement, Tormato est né sous de nombreux désaccords qui a clairement déteins sur le contenu musical (bien sûr, ce n'est pas le cas partout. Le "Gazeuse!" de Gong était d'une réussite et d'une complémentarité hallucinante, ce qui n'empêchait pas Francis Moze et Pierre Moerlen de s'engueuler à chaque répétition et d'être en totale disgrâce, mais je m'égare). Et comme l'indique le contenu du livret de la version remasterisée, c'est la première fois dans la discographie de Yes que Steve Howe et Rick Wakeman ne s'entendaient pas sur la façon de combiner leurs mélodies respectives. Qui fait que les deux s'égarent sans vraiment se quitter, comme s'ils tournaient introspectivement vers un but qui n'existe pas en se cherchant mutuellement.

Sur Tormato, je n'ai jamais su si c'était les morceaux ou la production qui étaient mauvais(e). D'un côté, ça pourrait très bien être les deux (et de plus, ça m'arrangerait dans ma rédaction). Et pourtant, Yes fait toujours du Rock-Progressif dans sa formule la plus pompeuse et la plus caricaturale, il n'y a de doutes là-dessus. Mais dieu que c'est maladroit! Ce n'est pas incohérent non plus mais la qualité des compositions n'est plus là, comme si ils ne croyaient plus à ce qu'ils faisaient et qu'ils apercevaient au bout de l'horizon la fin future du genre musical qui les amenés sur le devant de la scène. De plus, la production est fade et la sensation d'être "enfermé" domine largement, le son en est écrasé, compressé. Ce qui est paradoxal quand on sait que leur musique se fait fluviale et aérée, où la liberté ne possède ni frontières, ni limites, et cela casse indéniablement l'œuvre. (C'est assez amusant à noter, mais je compare souvent cet album au No Prayer For The Dying d'Iron Maiden, car leurs défauts respectifs sont intimement liés). Comme le montre les premières notes de "Future Times / Rejoice", on sait d'ores et déjà que cet album sera bancal et où l'on ne trouvera pas la magie d'un Going For The One. Et fort étrangement, les morceaux qui me plaisent le plus sur Tormato sont les plus simplistes, les plus directs et les moins grandiloquents. Les pulsations catchy de Don't Kill The Whale ou de Release, Release arrivent à me faire headbanguer, contrairement aux sirupeux 'Onward' et 'On The Silent Wings Of Freedom' qui tentent avec un acharnement fataliste de concurrencer ses âinés. Yes est en train de comprendre que le temps des "Epic-Songs" majestueux est malheureusement révolu, et que ce n'est plus ce qu'attends leur public.

Troisièmement ... Non, il n'y a pas de troisièmement, j'ai involontairement abordé tous les points cruciaux dans les deux derniers paragraphes. Mais je ne vais pas juger le niveau de nos 5 musiciens, car la production déséquilibrée, juger leur jeu respectif aurait assez peu d'intérêt. J'en arrive à la conclusion suivante:

Dans cet album, Yes est perdu et ne sait pas trop où il va. Continuer à faire du Rock-Progressif dans sa forme la plus détestable où s'adapter aux nouvelles tendances musicales quitte à se trahir soi-même? Quoiqu'il en soit, cette sortie aura eu des séquelles sur le groupe, Rick Wakeman et Jon Anderson le quitteront à la fin de la tournée suivant la sortie de l'album. Le premier ne réintègrera le groupe officiellement qu'en 1991 alors que l'autre s'éclipsera le temps d'un album sans sa collaboration, Drama (1980) qui lui sera étrangement excellent.

Note: 10/20

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